Bilal Hassani : "Je suis chanteur, je ne suis pas Nathalie Loiseau"

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Invité d’Europe 1, le chanteur de 19 ans a répondu à la tête de liste LREM pour les européennes, qui avait expliqué pendant la campagne "ne pas être faite pour des grands shows à paillettes".
INTERVIEW

"Jaloux, jaloux, jaloux, jaloux… Moi je m'en fous". Le nouveau single de Bilal Hassani cumule déjà plus de 1,6 millions de vues sur Youtube. Dans cette chanson, celui qui a représenté la France au concours de l’Eurovision, répond directement à ses détracteurs. Pour autant, le jeune chanteur de 19 ans refuse de se voir comme le porte-étendard d’une génération queer ou "gender fluid", qui se plait à abolir les frontières entre le masculin et le féminin. "Je ne revendique rien en étant la personne que je suis. Je ne me vois pas comme un personnage politique", a-t-il expliqué au micro d’Emilie Mazoyer, sur Europe 1. "Je suis chanteur, je ne suis pas Nathalie Loiseau", ajoute-t-il. Une manière aussi de répondre à la tête de liste LREM aux élections européennes, qui avait déclaré sur BFM TV : "Je ne suis pas Bilal Hassani. Je ne suis pas faite pour des grands shows à paillettes".

"Beaucoup de gens étaient outrés par mon existence"

Victime de cyberharcèlement, Bilal Hassani a expliqué, toujours sur Europe 1, avoir écrit Jaloux pour exorciser le déferlement de haine auquel il a dû faire face sur les réseaux, après avoir été sélectionné pour représenter l’Hexagone au célèbre concours de la chanson. "Je l’ai écrite le lendemain de ma victoire à Destination Eurovision, je m’en souviens très bien", rapporte Bilal Hassani. Le 26 janvier 2019, Bilal Hassani remporte avec Roi, une chanson sur l’acceptation de soi, le télé-crochet organisé sur France 2 pour sélectionner le chanteur qui portera les couleurs de la France à l’Eurovision. Aussitôt, l’homosexualité du gagnant et son goût pour le travestissement nourrissent un déferlement de commentaires homophobes en ligne, de quoi entacher l’euphorie de la victoire.

"La haine a décuplé au moment de cette annonce. Beaucoup de gens étaient outrés par mon existence, mais encore plus par le fait que j’allais les représenter à l’Eurovision. J’étais plutôt triste, je trouvais ça dommage", raconte Bilal Hassani. "J’ai écrit ce morceau avec l’artiste Lili Poe. Pauline, qui est une amie, m'a dit : 'Il faut que tu extériorises tout ça pour profiter de ta victoire, et que tu l’extériorises en écrivant'. Et on a écrit ce morceau", poursuit le jeune homme.

Une chanson pour trouver la force d'affronter les insultes

Jaloux, qui fait désormais partie de l’album Kingdom sorti le 26 avril 2019, est devenu pour le chanteur une sorte de mantra, explique-t-il. Une chanson dont les paroles, à force d’être répétées, lui permettent de dépasser les critiques et les insultes. "Dans ces morceaux, je ne m’adresse pas particulièrement à eux [mes détracteurs], mais je me parle à moi-même. Quand on chante une chanson, on rechante les morceaux, on rechante les mêmes paroles, et ça rentre dans la tête comme un message : ‘Tu t’en fous d’eux, continue de briller et d’avancer’."

Et comme ce qui ne tue pas rend plus fort, Bilal Hassani tient à rester positif malgré le cyberharcèlement. "Je peux remercier ces haters pour quelque chose : ils m’ont vraiment aidé à m’affirmer dans mon identité", relève-t-il. "J’aurai pu être déstabilisé par ces messages, ces appels à ce que j’arrête de porter des perruques, de me maquiller. Je me suis rendu-compte que c’était quelque chose de plus fort : mon identité, mon âme, mes goûts. Ils ne pouvaient pas être battus par des milliers, voire des millions de messages haineux. Finalement, c’est plutôt positif."