Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Lundi, l'animateur nous explique les racines du verbe "kiffer", promesse de plaisir.
Que vous vous fassiez un petit kiff, que l'on vous kiffe, voire même que l'on vous surkiffe, il n'est question que d'amour et de plaisir. Un sens qui n'a rien à voir avec celui de l'expression "kif kif bourricot", dont nous vous expliquions plus tôt les racines. Et ces deux expressions nous viennent de la langue arabe. Kiffer vient sans surprise de "kiff", un mot d'arabe maghrébin qui signifie "amusement" et "plaisir".
Jusqu'au 17e siècle, il est directement associé à l'alcool. 100 ans plus tard il fait référence à tout ce qui provoque une félicité factice. En 1853, le Petit Robert français met les pieds dans le plat en parlant "d'un état de béatitude provoqué par un mélange de tabac et de chanvre indien". Les arabes d'Egypte appellent en effet le haschisch le "kéif".
Le cannabis, une plante (pas si) secrète
C'est en fait au 13e siècle, dans un couvent installé au cœur des montagnes perses, que l'on trouve pour la première fois la trace de la fameuse plante, que le Cheikh Haïder aurait découvert par hasard. Après en avoir fait goûter à ses disciples, ils se seraient tous trouvé "dans une disposition gaie et joyeuse". Voyant cela, il fit promettre à ses amis de garder cette plante secrète et de n'en parler à personne. Inutile de dire que ça n'a pas marché.
Quelques temps plus tard, en octobre 1800, le jeune général Napoléon, qui a failli se faire poignarder par un fumeur de haschich, édite un décret pour en interdire la consommation en France. Là encore, peine perdue. Fort heureusement, si vous entendez aujourd'hui "kiffer", vous n’êtes pas forcément en compagnie d'un consommateur de produits illicites. Cela désigne juste un grand plaisir proche de la béatitude. Terminons sur un bon mot de l'animateur télé Laurent Ruquier : "Je ne suis pas pour la légalisation du cannabis, d'autant que moi je peux en trouver facilement."