La 46e cérémonie des César, vendredi soir à 21 heures, s’annonce particulière avec des centaines de projets de films à l'arrêt et des cinémas fermés en raison du contexte sanitaire, sans horizon quant à une prochaine réouverture. Mais cette remise de prix fait également suite à une édition 2020 marquée par le départ d'Adèle Haenel, à cause des trophées attribués à Roman Polanski, et les critiques autour de l'absence de parité et de diversité dans le milieu, à travers le discours de la comédienne Aïssa Maïga.
"Quand on est un comédien noir, on n'a pas les mêmes opportunités que quand on est blanc. Quand on est une femme, on n'a pas du tout les mêmes opportunités que quand on est un homme. Il fallait des gestes forts", a estimé ce vendredi, au micro d’Europe Soir, le comédien et réalisateur Jean-Pascal Zadi, lui-même nommé dans deux catégories, celle du meilleur espoir masculin et celle du meilleur premier film pour Tout simplement noir.
Secouer le cinéma français par des actes forts
Le comédien estime toutefois qu’il est important de se placer dans un "temps long", et de prendre en considération le chemin parcouru ces dernières années. "Quand j'étais petit, être noir au cinéma, être un réalisateur noir, ça n'existait même pas !", se souvient-il. "Les choses avancent", constate Jean-Pascal Zadi, "mais elles avancent lentement."
"Le discours d’Aïssa Maïga et le fait qu’Adèle Haenel se soit levée ont servi, parce que ce sont des actes forts. Je pense que le cinéma avait besoin d’être secoué pour se réveiller", explique Jean-Pascal Zadi. "La société avance. Tout le monde avance, ça va vite, et ce milieu du cinéma, notamment avec l'Académie des César, restait campé sur certaines positions. Même si Ladj Ly a eu son César ce soir-là (celui du meilleur film et celui du public pour Les Misérables, ndlr) c'était l'arbre qui cachait la forêt."
"2020... J’ai un peu honte de dire que c’était super"
Sorti début juillet, pile après la réouverture des cinémas, Tout simplement noir, dans lequel un acteur raté tente d’organiser une grande marche pour protester contre la sous-représentation des Noirs dans la société et dans les médias, a cartonné avec plus de 700.000 entrées. Un véritable exploit au regard du contexte sanitaire qui a lourdement pénalisé l’industrie cinématographique.
"J'ai un frère qui est dans la restauration, et des potes pour qui le boulot c’est vraiment la galère. Alors quand on me demande comment j’ai vécu l’année 2020... J’ai un peu honte de dire que c’était super", sourit Jean-Pascal Zadi.