Mille vies valent mieux qu'une (chez Fayard), à paraître le 7 novembre, aurait pu s'intituler Les 400 coups. Dans ce premier livre de mémoires, Jean-Paul Belmondo se raconte et évoque son enfance joyeuse, ses frasques avec ses amis, ses débuts de carrière mais aussi sa relation avec Alain Delon, considéré comme son éternel rival. Mais ce qui se dessine des quelques extraits publiés et de l'interview accordée par "Bébel" au magazine Le Point, c'est une réelle complicité entre les deux hommes, qui a débuté d'une manière pour le moins originale…
Une rencontre dans un couloir. Belmondo et Delon ont fréquenté les mêmes bars de Saint-Germain-des-Prés. Mais leur première rencontre a lieu à l'occasion de Sois belle et tais-toi, sorti en 1958, dans lequel Alain Delon tient le rôle principal et Jean-Paul Belmondo, un petit rôle. Pressé de signer un contrat pour le film, le futur "Bébel" trépigne d'impatience. Il doit attendre dans le couloir avec un autre jeune homme, qui n'a pas encore 25 ans.
Il raconte : "Je m'enquiers, d'un ton qui trahit mon projet de m'en aller immédiatement, de la longueur de mon calvaire en l'interrogeant sur le sien : 'Il y a longtemps que tu es là ?' Il me jette un regard bleu acier et me dit : 'Calme-toi, ils sont là'. En effet, je vois les deux grandes portes du bureau s'ouvrir et j'entends qu'on l'appelle : 'Alain Delon, vous pouvez entrer.'" Ce sont là les premiers mots échangés par ces deux monstres sacrés du cinéma français. Dans les jours qui suivent cette rencontre furtive, une amitié "qui ne s'est jamais tarie" naît alors entre eux.
"Il y avait assez de place pour nous deux". "Quant à la haine qu'on a voulu instaurer entre nous, la presse est allée bien trop loin", affirme l'acteur de 83 ans. Il reconnaît qu'Alain Delon et lui ont parfois été pressentis pour les mêmes rôles mais sans que cela ait d'incidences durables sur leur amitié. "Il y avait assez de place pour nous deux".
Seul nuage sur cette amitié : l'affaire Borsalino. Il y a pourtant eu l'affaire de Borsalino en 1970. Alain Delon, producteur du film, avait placé son nom en premier sur l'affiche, devant celui de Belmondo, contrairement à ce que stipulait son contrat. "Bébel" décide alors de ne pas assister à l'avant-première du film, porte l'affaire devant les tribunaux et gagne le procès. "Mais c'était des disputes d'amoureux, on était de grands copains de cinéma", assure-t-il au Point. Après cette brouille, les deux acteurs sont redevenus très proches. "Quand j'ai eu mon accident, il m'a proposé ses services", glisse Belmondo. L'acteur, qui a fêté ses 83 ans, a été victime d'un AVC en 2001.
"Cette France gaie que j'ai connue…" "Jamais, je n'aurais pu imaginer, quand je repense à cette France gaie que j'ai connue, que la situation dégénérerait ainsi", se désole l'acteur. Après avoir incarnée la joie de vivre et l'insouciance d'après-guerre, Jean-Paul Belmondo est "triste, bien sûr" par le climat de peur dans lequel la France est plongée depuis les attentats, "mais content que les gens restent quand même optimistes". Entre crise financière, chômage et insécurité, il reconnaît que les temps sont plus durs. "Quand votre avenir vous inquiète, il est plus difficile de vous réjouir du présent. Mais il faut rester optimiste, profiter de la vie", conclut l'un des acteurs français les plus poulaires de l'Histoire.