Cinquante ans. C'est le nombre d'années que Nicoletta a passé sur scène. La chanteuse de jazz, aux influences de blues et de gospel, est devenue au fil du temps un monument de la musique française. Durant sa carrière, elle croise de nombreux chemins d'autres artistes. Elle a notamment rencontré Ray Charles et raconte ce tournant dans sa carrière à Philippe Vandel, dans Culture Médias, sur Europe 1.
"J'ai pleuré pendant tout le concert"
En 1967, à Montréal, Nicoletta rencontre Ray Charles. Une rencontre qui va largement bouleverser sa carrière musicale et qui, au début, l'a beaucoup intimidée. Nicoletta raconte qu'elle et Ray Charles avaient les mêmes agents artistiques au Canada. Un jour, elle demande à ces agents si elle peut aller à l'un de ses concerts. "Je me retrouve donc dans la salle à écouter Ray Charles", se souvient-elle, "j'ai pleuré pendant tout le concert tellement c'était beau".
À la fin, la chanteuse française rencontre Ray Charles dans sa loge. "Il était très amusant, il riait aux éclats, il était plein de vie ... J'était fascinée, je tremblais, j'avais 22 ans ! Il nous a emmené manger au quartier chinois de Montréal, j'étais assise à côté de lui. Et à la fin du repas, il m'a demandé mon album, je lui ai donné. Il a écrit sur son carnet de braille, c'est un beau souvenir, j'étais émue, avec son petit stylet, il a écrit mon nom, mon adresse à Paris et mon téléphone. Tout le monde est rentré et au revoir !".
"C'est le blues français ta chanson"
La chanteuse pensait alors que cette rencontre magique s'arrêterait dans ce restaurant outre-Atlantique. Mais trois semaines plus tard, à Paris, Nicoletta reçoit un appel. La personne qui fait l'intermédiaire dans le combiné dit que quelqu'un veut lui parler, ce à quoi elle aurait répondu : "Ça va les fans allez vous coucher !". À l'autre bout du fil, Ray Charles éclate de rire et lui dit : "La Française, tu as une voix si puissante et ta chanson, c'est du blues français" ! En mettant en fond le célèbre tube "il est mort le soleil", de Nicoletta.
Il demande à la chanteuse de lui expliquer les paroles et ajoute : "j'adore la chanson, je vais la traduire en anglais". "Et il l'a fait !", conclut la chanteuse, fièrement.
En 1968, le chanteur Ray Charles est même venu interpréter cette chanson à la salle Pleyel, à Paris.