"La légende des Akakuchiba" et "Un juif de mauvaise foi" : les coups de cœur des libraires

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A.D
Chaque week-end, deux libraires partagent leurs coups de cœur, dans "La voix est livre" avec Nicolas Carreau.

Parmi les centaines de nouveaux livres de la rentrée littéraire, les libraires ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Anna Schulman, de la librairie "L'écriture" à Vaucresson et Anne-Sophie Rouveloux, de la librairie Chroniques à Cachan, nous dévoilent leurs choix, dans La voix est livre, sur Europe 1.

La légende des Akakuchiba de Kasuki Sakuraba chez Piranha

"C'est un roman japonais, superbe fresque familiale. Le roman est extrêmement riche, ce que je vais vous raconter n'est que 15% du bouquin. Ce roman va raconter trois générations de femmes très spéciales. Celle qui va raconter l'histoire, c'est la fille qui s'appelle Toko. Elle va parler de sa grand-mère et de sa mère. L'histoire démarre en 1953 dans un petit village. Sa grand-mère est une fille de vagabonds et va devenir la matriarche du clan des Akakuchiba qui est une dynastie d'industriels. Ce qu'elle a de plus spécial, c'est qu'elle a des dons de voyance. Elle est notamment capable de prédire la mort de ses proches, dont ses enfants.

Parmi eux, il y a la mère de Toko, que l'on découvre dans le roman au moment de son adolescence. Elle se montre brutale, elle est leader d'un groupe de motardes et va devenir une mangaka (écrivain de mangas). Ces trois femmes vont parcourir le Japon des années 50 jusqu'aux années contemporaines, avec Toko qui elle est tout à fait banale, et c'est ce qui lui pose souci. Elle a du mal à savoir ce qu'elle veut en amour, dans son job... Elle a du mal à trouver sa place et d'autant plus quand sa grand-mère, sur son lit de mort, lui dit qu'elle a tué quelqu'un. Elle va alors tenter de dénouer le fil de toutes ces légendes. 

Ce qui est génial aussi, c'est qu'on a le contexte socio-économique de ce Japon-là, avec l'apparition de la télé couleur, toutes les améliorations au niveau du travail et la difficulté d'en trouver au présent. Il y a beaucoup de mélancolie, c'est magnifique, foisonnant en "seulement" 500 pages."

Un juif de mauvaise foi de Jean-Christophe Attias. chez JC. Lattès

"Ce n'est pas un roman mais un récit. L'auteur est historien, philosophe du judaïsme. Il a aussi eu le prix Goncourt de la biographie en 2015 pour Moïse fragile. Là, il nous raconte son parcours de vie. Jean-Christophe Attias a un père juif et une mère catholique, donc il n'est pas juif parce que ça se transmet par la mère. Attias est un patronyme juif avec des initiales de prénom JC. C'est le mariage improbable de la carpe et du lapin. Il est un peu partagé entre ces deux identités. A 20 ans, il tranche et se convertit au judaïsme orthodoxe, assez rigoureux au niveau des prières et du régime alimentaire.

Au milieu du livre, il fait une déclaration : il est persuadé que Dieu n'existe pas et en a toujours été persuadé. Il explique que dans le judaïsme, la question n'est pas de croire ou de savoir, mais de dire. C'est aussi un récit de vie plein d'humour, plein d'humilité. C'est évidemment un très bel hommage à son père. C'est aussi une déclaration d'amour à sa femme Esther Ben Bassa qui l'a sauvée de son judaïsme très strict. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est que c'est un livre sur la recherche de soi."