Carton en librairie traduit en plus de vingt langues, la série de bandes dessinées "L'Arabe du futur" pourrait compter au total six volumes, affirme son dessinateur, Riad Sattouf, qui fait l'objet d'une exposition au centre Pompidou. "J'ai une passion: faire des bandes dessinées lisibles pour les gens qui n'y connaissent rien. C'est mon credo", raconte ce perfectionniste qui jongle entre l'adaptation en pastilles télé de son personnage d'Esther (sur Canal+) et l'écriture de la saga. "Je pense que ça fera six volumes", affirme-t-il à propos de L'Arabe du futur. Les trois premiers se sont écoulés à plus de 1,5 million d'exemplaires.
Un cinquième tome pour 2019. La parution courant septembre du quatrième volume (plus dense que les précédents) a été un événement, d'autant plus qu'il y raconte "le secret familial qui est le trou noir autour duquel gravite toute la série". Après avoir ouvert ce chapitre plus noir, le dessinateur vise une parution "normalement en 2019" du tome suivant. "On me pose souvent la question 'comment vous dessinez, quelle technique employez-vous ? est-ce que vous étiez vraiment blond ? est-ce que votre village (en Syrie) était comme ça ?'", affirme-t-il. Autant de réponses auxquelles l'exposition "Riad Sattouf, l'écriture dessinée" à la bibliothèque du centre Pompidou à Paris, tente de répondre (jusqu'au 11 mars).
"Dans ce conflit de loyauté que j'ai eu enfant (entre une mère bretonne et un père syrien), je me suis choisi une autre identité, celle des gens qui font des livres, des bandes dessinées", dit-il. Aussi, "quand je rencontre un dessinateur japonais, je me sens plus proche de lui que de ma boulangère". S'il n'a pas participé à la mise en place de l'exposition, Riad Sattouf se dit ravi que ses lecteurs puissent connaitre son travail et ses influences (Hergé, Sempé, Goscinny...). "Quand j'écris mes scénarios, le texte et l'image arrivent en même temps. La bande dessinée est une langue, j'essaie de la lire le mieux possible, comme Hergé, une référence dans la fluidité de lecture", souligne-t-il.
"Dédramatiser les énormités du monde". Avec Sempé et Goscinny, les pères du petit Nicolas, il dit partager le goût des personnages d'enfants ou d'adolescents. "Le point de vue de l'enfant permet de dédramatiser les énormités du monde", estime celui qui, avec le personnage d'Esther, suit au plus près la vie quotidienne d'une petite fille de ses 9 à 18 ans (elle en a pour l'instant 14). "C'est le projet: assister à la construction de ses valeurs morales, voir comment elle regarde le monde, comment la société l'influence, comment les marques l'atteignent", souligne-t-il. Mais pas question de faire la morale dans ses livres. "Je laisse le lecteur se faire son avis", conclut-il.