Nouveau rebondissement pour le sulfureux long métrage "Love", dernier né de Gaspar Noé. Le film doit être interdit aux moins de 18 ans en raison de ses scènes de sexe non simulées, d'après une décision du tribunal administratif de Paris communiquée lundi. "Love", sorti mi-juillet sur les écrans français, avait d'abord écopé d'une interdiction aux moins de 16 ans. Le juge du référé a été plus sévère en étendant cet interdit à tous les mineurs, dans une décision datée du 31 juillet.
D'abord interdit aux moins de 16 ans. Saisi par l'association Promouvoir, une organisation qui vise "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes dans tous les domaines de la vie sociale", le juge estime que la "répétition" et l'"importance dans le scénario" des scènes de sexe non simulées sont "de nature à heurter la sensibilité des mineurs". Par deux fois, en juin puis début juillet, après avoir été saisie à nouveau par la ministre de la Culture, la commission de classification des œuvres du Centre national du cinéma (CNC) a recommandé une interdiction aux moins de 16 ans seulement. Un avis suivi par la ministre pour délivrer le visa début juillet.
Des scènes de sexe en partie non simulées.Présenté au dernier festival de Cannes, ce film en 3D raconte la relation entre deux jeunes gens au moyen de flash-backs entrecoupés de voix-off. Il montre de nombreuses scènes de sexe, en partie non simulées, parfois en gros plan : une femme masturbant un homme jusqu'à l'éjaculation, une scène d'amour à trois, une autre dans un club échangiste, une avec un travesti. Le sulfureux réalisateur d'"Irréversible" avait tenu à défendre son film face à la polémique. "Quand on dit qu'on veut faire un film sur une passion amoureuse, effectivement on fait un film où les gens s'aiment, s'embrassent, font l'amour", affirmait en juillet le réalisateur argentin de 51 ans, pour qui "Love" n'a "rien de choquant".
Tant pis pour la création et la 3D. Le producteur du film, Vincent Maraval, ne cache pas son amertume. Il regrette cette censure qui vise toute particulièrement la sexualité selon lui. "Aujourd'hui, le sexe est banni d'une histoire d'amour, on ne peut plus le montrer. On peut montrer des effets spéciaux, de la torture, de la violence, mais le sexe est banni", dit le producteur. Cette interdiction d'entrée aux moins de 18 ans va avoir une conséquence économique sur la vie du film. Internet et le téléchargement illégal sont les grands gagnants de cette décision, estime le producteur. "Le film va être livré aux pirates ! Les jeunes qui veulent le voir le verront, mais en 2D et sur un écran d'ordinateur dégueulasse, c'est dommage. Il va être vu dans une zone de non-droit", déplore-t-il.