"Oh Thérèse ! Une serpillère ! C'est formidable, écoutez : il ne fallait pas / Mais non, Pierre. C'est un gilet". Une phrase culte parmi des dizaines tirée d'un film qui l'est tout autant, Le Père Noël est une ordure sorti le 25 août 1982. La comédie, adaptée de la pièce de théâtre éponyme créée en 1979 par la troupe, a marqué toute une génération. Son réalisateur, Jean-Marie Poiré, était l'invité des Secrets de tournage, sur Europe 1. L'occasion pour lui de livrer quelques anecdotes croustillantes.
La chanson Destinée adoptée presque "par hasard". Une seule écoute et elle vous reste dans la tête pendant une semaine. Destinée, la chanson du film interprétée par Guy Marchand, est arrivée "par hasard" sur le film. A l'origine l'équipe avait choisi Vous les femmes, de Julio Iglesias mais les droits étaient trop chers pour la production. A la dernière minute, c'est donc la "panique générale", se souvient Jean-Marie Poiré. Le compositeur Vladimir Cosma propose alors une de ses chansons. "C'était tellement sur le même rythme que je pense qu'il l'avait pompé sur Vous les femmes", raconte Jean-Marie Poiré, qui n'a même pas eu besoin de retourner la scène de danse tant le rythme collait avec les images.
Du théâtre au cinéma. Le producteur du Père Noël est une ordure (qui avait également produit la pièce à l'origine du film) propose d'emblée les décors de théâtre au réalisateur. "J'ai déjà les trois côtés, et on pourrait construire le quatrième" dit-il. Mais le jeune réalisateur Jean-Marie Poiré, qui refuse de faire du théâtre filmé, ose demander au contraire "un grand décor avec beaucoup de pièces, un grand couloir et un ascenseur… un truc ultra cher" résume-t-il.
Sur l'écriture du scénario. Le réalisateur, qui s'est entouré des acteurs de la troupe du Splendid, a énormément réécrit le scénario initial pour adapter la pièce au cinéma. Mais la collaboration avec Gérard Jugnot, Christian Clavier et les autres s'avère quelque peu difficile au niveau de l'écriture. "J'avais demandé trop de changements et d'ailleurs, j'ai pensé que je me faisais virer", raconte Jean-Marie Poiré, qui tient surtout à modifier la fin de la pièce. "Sur scène, ça passait très bien, on découpait le mec en mille morceaux"… Mais ça ne marchait pas aussi bien au cinéma. Dans le film, les morceaux du macchabé sont donc distribués au lion dans un zoo.
"C'est cela oui oui oui oui." "C'est l'un des agents du Splendid qui inspire ce tic au réalisateur. Dans le film, "C'est un type qui, à chaque fois qu'il y avait un problème, disait : 'C'est cela oui'", avec ce ton si particulier. Un jour que Jean-Marie Poiré était au téléphone avec ce monsieur, celui-ci balance sa phrase après un long silence… "J'ai lâché le téléphone, j'ai explosé de rire, j'étais par terre", se souvient le réalisateur, qui décide alors de l'adopter et de la coller dans la bouche de Thierry Lhermitte.
La petite bande du Splendid met l'ambiance. "L'équipe était merveilleuse. C'était une ambiance fantastique", raconte Jean-Marie Poiré, qui se souvient d'un tournage "idyllique". Mais le réalisateur veut retrouver une fraicheur de jeu. Pour cela, l'équipe organise chaque jour "un concours de goûter" pour remettre de l'ambiance. Cela créait une atmosphère de "bonheur" et de franche "déconnade", propice aux traits de génie des acteurs.
Des coupes à cause des éclats de rire. Marie-Anne Chazel, également invitée d'Europe 1, se souvient d'un "marrage" non-stop pendant le tournage où les acteurs étaient "en liberté". Tout le monde riait tellement que certaines prises ont dû être coupées "parce qu'on entendait Jean-Marie Poiré rire" à gorge déployée, confie l'actrice. Le réalisateur mordillait même des foulards pendant les prises pour ne pas éclater de rire.
Le personnage de Zézette. Marie-Anne Chazel joue un personnage central du film, Zézette. "Ce personnage nous avait été inspiré par une dame" du quartier, raconte l'actrice à Europe 1. "Elle nous inspirait beaucoup parce qu'elle avait une façon de parler - et un discours - improbable." L'actrice, qui ne savait pas comment donner à ce personnage son irremplaçable côté "popu, gouailleur et même de débile légère", pense soudain au dentier. "Zézette est née à ce moment-là".
Le titre était mal vu. Le Père Noël est une ordure "n'était pas un très bon titre en réalité", selon le réalisateur "parce que le film a moyennement démarré". Ce titre, surtout, a posé de nombreux problèmes à l'équipe. "On était interdit d'affiches à la RATP", confie Jean-Marie Poiré. Le titre posait aussi problème pour tourner dans les grands magasins. "Partout on essuyait des refus". Il était certainement "un peu trop agressif" alors qu'il faisait référence à "une figure censé faire rêver les enfants".
Jugnot s'était même pris une claque. Déguisé en Père Noël pour les besoins du tournage, Gérard Jugnot "avait pris une baffe", confie Poiré. "Il faisait chaud et il avait retiré sa perruque pour fumer une cigarette". Une dame est arrivé, lui a "collé une mandale" et lui a hurlé : "Monsieur, remettez immédiatement votre perruque, ma petite fille croit encore au Père Noël."
Des scènes tournées à l'arrache. Certaines des scènes du film ont été tournées clandestinement, parce que l'équipe n'a pas obtenu le droit de filmer aux alentours de grands magasins (toujours à cause du titre). Les cadreurs et les acteurs étaient donc cachés dans des camions le jour de Noël. La prise était faite très rapidement, et tout le monde se précipitait dans les véhicules.