Chaque semaine, des libraires extraient des pépites de leurs rayonnages. Ce samedi, Anna Schulmann de la librairie L'Ecriture à Vaucresson et Jérémie Banel de la librairie Fontaine à Paris, nous dévoilent leurs choix dans La voix est livre, sur Europe 1.
Le traquet kurde de Jean Rolin aux éditions P.O.L
"Le traquet kurde est un petit oiseau. La grande surprise est qu'il ait été vu dans le Puy de Dôme alors qu'on n'avait jamais pensé qu'il puisse être un oiseau de ces contrées-là. A partir de cette histoire, c'est un roman d'aventure et d'espionnage que propose Jean Rolin, qui part sur la trace de tous ces ornithologues qui ont catalogué, pour beaucoup au Moyen-Orient, des tas d'oiseaux. Il s’intéresse surtout à l'un d'entre eux, Richard Meinertzhagen, aventurier dans les années 20-30, un peu mythomane, espion, voleur et beaucoup soldat. C'est une vraie aventure avec pour prétexte ces oiseaux, avec de très beaux paysages. On croise Lawrence d'Arabie, ornithologue célèbre et on découvre ces collectionneurs d'oiseaux qui ont souvent eu une histoire importante que l'on ne connaît pas. C'est très bien écrit. Rolin distille des petites histoires, des petites digressions. C'est un super livre, court, qui casse l'image traditionnelle de P.O.L, grande maison d'édition qu'on associe parfois à des choses très exigeantes. Ce n'est pas le cas." (Jérémie Banel)
Donne-moi encore cinq minutes de Yonatan Berg aux éditions de l'Antilope
"C'est un premier roman. On reste au Moyen-Orient, ça se passe aujourd'hui en Israël. Bnaya et Yoav ont grandi dans une colonie juive de Cisjordanie, une implantation entourée de barbelés, entourée de villages palestiniens. Bnaya est resté vivre dans cette communauté nationale religieuse. Il s'est marié, a eu des enfants, enseigne dans une école religieuse. Yoav vit à tel-Aviv, ville très laïque, après avoir passé plusieurs années à l'étranger pour fuir un souvenir terrible de son service militaire. Il s'est immergé dans la drogue, les fêtes, la musique. Le temps de cinq jours - le temps du livre - tout change, l'atmosphère se crispe dans le village de Bnaya à l'annonce du démantèlement de la colonie. Yoav, lui, vient de faire un bad trip et a revécu son souvenir traumatique. Il décide d'aller au-devant pour s'en extraire définitivement. C'est vraiment un regard de l'intérieur. L'écriture est assez forte, rythmée, elle plonge dans le quotidien et ralentit parfois dans les souvenirs des deux jeunes hommes. Le livre permet de toucher du doigt les problématiques des jeunes Israéliens d’aujourd’hui. C'est un tour de force en 500 pages."