Leïla Slimani sort chez Gallimard Le pays des autres. Prix Goncourt en 2016 pour Chanson douce, qui s'est écoulé à un million d'exemplaire, l’écrivaine prend cette fois le large. Loin de l'univers bourgeois et parisien où elle situait son précédent roman, elle revient avec un roman familial marocain, qui doit prendre la forme d’une vaste trilogie.
L’histoire s’ouvre à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Amine, un Marocain qui combat pour l’armée française, libère un petit village alsacien. Il y rencontre Mathilde, 20 ans. C’est le coup de foudre. Elle décide de suivre son prince charmant, au Maroc donc. Elle quitte sa famille et s’installe avec lui au milieu de nulle part, pas très loin de la ville de Meknès, dans une campagne isolée et aride où la terre est difficile à cultiver. Mathilde se sent seule, très seule. Elle est Française dans un pays qui est en train de conquérir son indépendance. Lui est un traître puisqu’il aime Mathilde, la Française.
"C’est toujours violent d’être étranger"
Dans ce roman, les deux personnages principaux deviennent donc des étrangers. Un thème cher à l’autrice. "Être étranger, c’est toujours la décision de l’autre, une détermination par un autre regard. C’est la raison pour laquelle c’est toujours violent d’être étranger", explique Leïla Slimani auprès d’Europe 1. "Bien sûr, ça peut aussi être parfois un sentiment intérieur. Mais, la plupart du temps, c’est un refus de l’autre de vous intégrer."
De l’amour, de la violence, des personnages très travaillés psychologiquement, le tout sur un fond historique richement documenté, Leïla Slimani signe une véritable fresque, directement inspirée de son propre roman familial. Ce premier volet est sous-titré "La guerre, la guerre, la guerre". Deux autres tomes sont prévus. Ils devraient paraître en 2022 et 2024. On les attend avec impatience.