"Les malheurs de Sophie" : un film à hauteur d'enfant qui parle aux grands

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Christophe Honoré adapte le roman de la comtesse de Ségur, publié en 1858. Le film sort en salles le 20 avril prochain.

Pour son dernier film Les malheurs de Sophie, dont Europe 1 est partenaire, Christophe Honoré adapte le fameux roman de la comtesse de Ségur. Le réalisateur a choisi d'épouser le point de vue de son personnage principal, de se mettre à sa hauteur, offrant ainsi un long-métrage pour petits et grands.

Une histoire de hérisson. Une séquence du film pourrait résumer le dernier long-métrage de Christophe Honoré. Elle se déroule avec Camille et Madeleine de Fleurville, deux jeunes amies de la petite Sophie (Caroline Grant). Les sœurs tombent sous le charme d'une famille hérisson. Petite particularité, l'animal est représenté par une incrustation dessinée, mêlant ainsi dessin animé et prises de vues réelles dans la même image.

Malheureusement, pour les petites filles, un des hommes de maison du château tue au fusil de chasse la mère hérisson sous leurs yeux. Tout le film pourrait alors être résumé dans cette image d'un hérisson en dessin animé, mort, et dont du sang coloré s'échappe. L'innocence de l'enfance se heurte à la violence du monde adulte. Une image, pour résumer la trajectoire de la petite Sophie, pourtant absente de la séquence.

herisson

S'associer à la douleur de Sophie. Sophie est petite chipie. La caméra la suit longuement dans l'exécution de ses bêtises quotidiennes, plaçant systématiquement le spectateur de son côté, alors que les adultes, dont sa mère, ignorent parfois tout de ses actions. Cette accumulation pourrait paraître répétitive. Il n'en est rien. Ces séquences avec Sophie sont des retours vers l'insouciance, loin des tumultes du monde des grands. D'un côté le spectateur adulte, de l'autre la légèreté de l'enfance, pas si simple de tisser un lien entre ces deux univers. Christophe Honoré réussit pourtant cette connexion.

Mais il faut bien que les malheurs arrivent pour Sophie, dont le père et la mère (jouée par Golshifteh Farahani) décèdent en moins de deux ans. Finie la futilité. Sophie, qui se caractérisait par une sur-activité, se distingue maintenant par une sous-agitation. Elle est à présent entre les mains de Madame Fichini (Muriel Robin), qui corrige le moindre de ses écarts au martinet. A peine le spectateur a-t-il renoué avec l'insouciance d'avant, qu'il se prend alors en pleine figure le retour aux réalités.

C'est finalement en traçant la trajectoire de Sophie dans une conscience commune - entre le spectateur et l'acteur - que Christophe Honoré fait de son film un long-métrage à la hauteur des plus petits. Mais capable de parler aux plus grands.