Dans le jeu vidéo, forme de divertissement la plus récente, souffler les 20 bougies d'un jeu est forcément un événement. C'est justement le cap symbolique franchi par Les Sims : en février 2000 sortait le tout premier opus du simulateur de vie. Développé par Maxis et édité par Electronic Arts, ce simulateur de vie unique en son genre est devenu, trois suites et de multiples extensions plus tard, l'un des plus gros cartons de l'histoire du jeu vidéo avec plus de 200 millions de jeux vendus.
Un jeu "bac à sable"
Le plus fou, dans le succès des Sims, c'est que la recette a très peu évolué depuis le premier jeu. Vingt ans que l’on crée des maisons incroyables pour se rendre compte au bout d’une heure que l'on n’a plus assez d’argent pour le toit. Vingt ans que l’on s’efforce d’offrir la meilleure vie à ses Sims pour finalement les voir, non sans un certain sadisme, se noyer dans une piscine sans échelle. Certes, les jeux se sont étoffés, offrant toujours plus d'accessoires, de styles vestimentaires, de meubles pour la maison, de métiers pour les personnages. Mais le cœur du jeu, lui, n'a pas bougé d'un iota.
Les Sims, c'était, c'est et ça restera toujours le jeu "bac à sable" ultime. On part de zéro pour essayer d’avoir la meilleure vie virtuelle possible. D'abord, créer son personnage de la tête aux pieds. Puis, lui construire une maison. Avec les moyens du bord si on aime le challenge ou en trichant avec l'un des nombreux codes du jeu, pour avoir de l'argent illimité et commencer sa vie dans une somptueuse villa. Et là, il faut vivre tout simplement, dans ce monde façonné selon nos envies. Naviguer entre la faim, les besoins naturels, les envies, les attentes, les interactions sociales, les problèmes d'argent…
Une passion enfantine
Ce système de jeu, sorte de maison de poupée virtuelle, a bercé une génération entière de joueurs et de joueuses, comme Sarah, 24 ans. Cette fan de jeux vidéo a découvert Les Sims à 8 ans : une révélation pour elle. Aujourd'hui, sous le nom de Trixy, elle est devenue streameuse, c'est-à-dire qu'elle se filme en train de jouer à des jeux. "Le premier CD des Sims que j'ai eu, c'était un cadeau par hasard. Et ma meilleure amie l'avait également. De là, on a commencé à en discuter. Et quand je dormais chez elle, on devait se coucher tôt mais ça arrivait qu'on veille jusqu'à 3h du matin pour jouer, en se cachant sous la table dès qu'on entendait sa mère se lever", raconte-t-elle.
Accessible dès 7 ans, Les Sims est une bonne première expérience de jeux vidéo pour les enfants. "Quand j'avais 8 ans et que je jouais aux Sims, ce qui m'intéressait le plus était de vivre une vie que moi je ne pouvais pas vivre. Quand je prenais mon Sims, je pouvais avoir un copain, aller faire la fête, aller dans des jacuzzi, c'était la découverte du monde à travers un jeu", se souvient Trixy. Et aujourd'hui, sa passion reste intacte. "J'ai 24 ans et ça n'a pas changé ! Je fais encore des concours de la plus belle maison avec mes copines", rigole la jeune femme.
Un cocktail d'absurdité et de créativité illimité
D'abord conçu comme une expérience de jeu solitaire, Les Sims s'est ensuite ouvert au multijoueur local, puis en ligne, incitant ainsi les joueurs à nouer des relations à travers leurs Sims. L'occasion aussi d'entendre les personnages converser dans leur langue incompréhensible. Une langue étrange qui a carrément un nom : le Simlish. C’est un langage totalement improvisé, fait de vocalises et de mots sans aucun sens. Cet humour omniprésent, on le retrouve dans les attitudes des Sims, paniqués devant un départ de feu ou capables d'observer pendant des heures le même tableau.
C’est ce côté absurde, allié à la créativité infinie du jeu, qui a rendu Les Sims culte et lui a permis de devenir, malgré quelques tentatives concurrentes, la référence des simulateurs de vie. "Quand on joue aux Sims, on se prend un peu pour Dieu. On gère des gens, des familles. Il n'y a pas de limite", estime Trixy. "Quand j'y joue je fais parfois des choses extraordinaires mais aussi des choses horribles, genre noyer mes Sims dans la piscine. Je suis pas sadique. C'est juste que c'est de la découverte, c'est incroyable." Autant de mécaniques de jeu devenues cultes pour des millions de joueurs, inspirant au passage quelques sketchs humoristiques de youtubeurs très connus.
Bientôt Les Sims 5 ?
Résultat, même après 20 ans d'existence, Les Sims continue de rassembler des millions de joueurs actifs dans le monde. La communauté est toujours très engagée, notamment grâce aux streamers. Suivie par plusieurs dizaines de milliers de fans, Trixy contribue à faire vivre Les Sims. "C'est aussi drôle que sérieux mais c'est aussi très chronophage. Tu peux te dire je vais jouer une heure et au final il va se passer tellement de choses autour de toi que tu peux y rester 5 ou 6 heures sans faire attention", souligne-t-elle.
D'où la longévité des Sims. C'est un jeu auquel on joue quasiment jusqu'à n'en plus dormir pendant des semaines, puis que l'on abandonne pour mieux le reprendre plus tard. Un rythme irrégulier bien intégré par Electronic Arts. Le dernier volet de la série, Les Sims 4, date de 2014. Mais il est mis à jour régulièrement avec du contenu payant comme des bâtiments supplémentaires, des métiers, des lieux, des vêtements… Ainsi, le jeu "vieillit" avec les joueurs, il ravive leur intérêt régulièrement, sans changer pour autant tous les ans.
Et ensuite ? À quand un Sims 5 ? On sait que le jeu est en développement depuis un petit moment et qu'il sera préparé pour pour la prochaine génération de consoles, les PS5 et Xbox Series, qui seront commercialisées fin 2020. Le cinquième opus de la franchise pourrait donc être disponible dès 2021.