Ils sont la nouvelle cible des théâtres parisiens. Quelque 20 millions de visiteurs étrangers déferlent chaque année à Paris. Mais quand vient le soir, les 300 salles de spectacles que compte le Grand Paris se réduisent souvent pour les touristes non-francophones à faire un choix parmi cinq cabarets majeurs et à deux opéras, à cause de la barrière de la langue. La start-up "Theatre In Paris" a eu une idée de génie pour inciter les touristes étrangers à se rendre dans nos théâtres, une idée tout droit inspirée de la politique culturelle berlinoise. Cette jeune société d'un an à peine propose un surtitrage en anglais des spectacles de théâtre français. Quatre d'entre eux proposent déjà ce service… en en attendant d'autres. Et l'opération est déjà un succès.
Le système est simple : un partenariat est établi avec un théâtre. L'équipe de "Theatre In Paris" se penche alors sur le surtitrage, qui lui prend environ un mois. "C'est plus qu'une traduction, c'est tout un art", assure le co-fondateur Carl de Poncins qui évoque "les jeux de mots" et "les équivalences" que son équipe de spécialistes doit réussir à transmettre au public. Les touristes de passage à Paris qui souhaitent se rendre au théâtre peuvent alors acheter leurs places de spectacle directement sur le site de "Theatre In Paris". Le texte, en anglais, est projeté juste au-dessus de la scène où l'action se déroule en français. Petit plus apporté par "Theatre In Paris" : le service est très soigné. Un membre de la société se charge de l'accueil des touristes dans les salles, leur donne une petite explication en préambule et va même jusqu'à les installer, toujours dans un fauteuil qui permet de voir au mieux les sous-titres (on emploie plutôt le mot "surtitre" au théâtre, la traduction apparaissant au dessus de la scène).
Plus de 45 nationalités différentes dans les salles. "Le modèle vient de Berlin où 20% des spectacles sont déjà surtitrés en anglais", explique le co-fondateur. Et le système a déjà fait ses preuves, en un an à Paris. "On a accueilli plus de 45 nationalités différentes depuis le début de l'opération", précise encore Carl de Poncins, qui a vu défiler "des diplomates libériens, des touristes sud-coréens ou encore des Américains en déplacement d'entreprise."
La crainte que le surtitrage puisse nuire à la mise en scène s'est rapidement évaporée. Les théâtres l'apprécient, tout comme les spectateurs, étrangers mais aussi français. "Certains nous remercient même de leur permettre d'améliorer leur anglais". Le prix de la prestation améliorée est légèrement plus élevé. Le billet plein tarif passe de 57,50 à 64 euros au théâtre Edouard VII. Pour le reste, cela dépend des salles. Terminé le spectacle en français qui effraye même les plus téméraires des étrangers. Désormais, les touristes pourront passer des soirées au théâtre comme des locaux. C'est le cas actuellement pour la pièce Un dîner d'adieu, succès du théâtre Edouard VII.