Le monde de la musique a rendez-vous vendredi soir au Zenith de Paris pour les 31e Victoires de la musique. Un évènement loin d’être anodin pour les artistes nommés qui peuvent ainsi bénéficier d’une exposition médiatique non négligeable à une heure de grande écoute. Mais un passage aux Victoires a-t-il vraiment un impact sur les ventes de singles et d’albums ?
Des Victoires synonymes de "premier élan" ou de "renaissance". Pour Gilles Desangles, directeur général des Victoires de la musique, il n’y pas de débat : la cérémonie est un accélérateur de carrière indiscutable. "C’est évident qu’un passage aux Victoires de la musique a un effet sur les ventes de disques, les billets de concerts et, de manière plus diffuse, sur la carrière d’un artiste. Pour un jeune artiste, un passage garantit un premier élan. Pour un artiste plus connu, cela peut être une renaissance", assure-t-il à Europe 1, exemple à l’appui : "l’hommage à Renaud lui a par exemple offert un nouveau souffle et donné envie de réécrire pour sortir un nouvel album".
Mais l’exemple le plus flagrant, c’est Christine and the Queens, dont la carrière a vraiment débuté avec son passage aux Victoires en 2014. "Son album n’était pas encore fini, elle n’avait sorti qu’un cinq titres (Nuit 17 à 52, sorti huit mois auparavant, ndlr). Et même sans rien gagner, sa prestation sur scène lui a permis de prendre une nouvelle dimension", assure Gilles Desangles.
Des ventes qui bondissent de 15… à 800%. Cette nouvelle notoriété se traduit dans les chiffres de ventes, comme en attestent les bilans fournis ensuite aux organisateurs par l’industrie musicale. "L’impact sur les ventes au cours des 15 jours qui suivent la cérémonie va de +15% à +800%", souligne le directeur des Victoires. Si la hausse des ventes est limitée pour les artistes déjà très connus ou dont l’album est en fin de carrière, elles peuvent en revanche être décuplées pour les jeunes artistes encore méconnus du grand public.
Cet effet Victoires de la musique est d’ailleurs très visible sur la courbe des ventes d’albums des artistes : alors que l’album de Camille, Music Hole, était classé 156e du Top albums la semaine précédant les Victoires, il a atteint 79e place la semaine suivant sa Victoire en 2006. L’impact est aussi réel pour ceux qui reviennent bredouille mais ont marqué les esprits. "Peu importe qu’ils gagnent un prix, une bonne performance peut suffire comme ce fut le cas d’Anaïs en 2006", rappelle Gilles Desangles. "Parmi les artistes de ce soir (vendredi), sur 23 séquences, une quinzaine n’ont jamais performé au Zénith et n’ont jamais été en prime time à la télévision. Peu importe qu’ils gagnent un prix, une bonne performance peut suffire", poursuit-il.
Une cérémonie devenue un véritable enjeu commercial. Preuve ultime que les Victoires de la musique ont un impact sur les ventes, "certains directeurs de labels ont l’œil rivé sur leurs comptes iTunes pendant la cérémonie. Avec les plateformes digitales, on voit en temps réel l’effet sur les ventes dès le début de la soirée", assure Gilles Desangles.
Cet effet Victoires de la musique ne tient d’ailleurs pas qu’aux seules performances scéniques des artistes. L’industrie musicale accompagne et amplifie le mouvement. "Les labels préparent bien évidemment un plan marketing pour les artistes nommés", souligne le directeur général de la cérémonie. Ainsi, quelques semaines avant le jour J, des autocollants "Artiste nommé aux Victoires" apparaissent sur de nombreux disques et les campagnes de publicité pour les nommés sont renforcées. Et pour les sceptiques qui douteraient encore de l’impact de ce rendez-vous musical, Gilles Desangles avance un dernier indicateur : "il y a quelques années, nous avions du mal à faire venir les artistes. Aujourd’hui, ils viennent tous".