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"L'été circulaire" : sous la moiteur écrasante, un roman noir

A.D - Mis à jour le . 2 min

L'auteure Marion Brunet mélange misère sociale et chaleur moite du sud de la France pour livrer un roman noir, sur fond de lutte de classes.

Loin des cigales de Pagnol, le livre de Marion Brunet, L'été circulaire, plonge certes le lecteur dans la chaleur moite du sud du Lubéron en été, mais aussi dans la noirceur. L'auteure, plus habituée à la littérature jeunes adultes ou de jeunesse, était l'invitée de l"émission La voix est livre , samedi, pour présenter cette fois un ouvrage pour lecteur accroché.

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Une première page sous forme de claque. Dès la première page, l'environnement familial est à l'opposé du cocon familial de Pagnol. Il y a Manuel, maçon aux environs de la quarantaine, qui n'hésite pas à balancer une droite à sa fille Céline, 16 ans. Il y a la mère qui bouge à peine devant le déroulé de la scène. Et donc Céline, à terre et amochée, après que son père a découvert qu'elle était enceinte. La gifle que reçoit la jeune fille est ainsi partagée par le lecteur. "Je trouvais que c'était la meilleure façon de rentrer dans l'histoire." Pour autant, les personnages s'avèrent plus complexes qu'il n'y paraît. Manuel n'est pas qu'une brute épaisse. "Il a lui-même une histoire complexe. C'est aussi un mec qui souffre et qui s'en est pris plein la gueule."

Entendu sur europe1 :
Moi, j'ai grandi dans ces bleds-là. C'est une région qui draine des gens extrêmement riches, et à côté de ça, il y a des gens qui galèrent complètement

Dans toute cette ambiance lourde, Manuel cherche un "coupable", celui qui a mis sa fille enceinte. Sa colère se cristallise sur Saïd. Manuel, émigré espagnol, "a lui-même vécu le racisme. Dans une situation de précarité, il ne va pas s'en prendre aux propriétaires ou à sa patron, mais il va taper sur le plus petit que lui", décrit l'auteure. L'environnement global et la chaleur crevante font monter la tension. "Il fallait cette sensation de moiteur où on espère quelque chose tellement on s'englue." On sent le drame poindre.

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Aussi noir que social. Mais si le roman est noir, il est aussi social et décrit la vie dans des coins repliés sur eux-mêmes. On y croise des adultes aigris qui ont foiré leur vie, des jeunes qui se languissent. "Moi, j'ai grandi dans ces bleds-là. C'est une région qui draine des gens extrêmement riches, et à côté de ça, il y a des gens qui galèrent complètement." L'offre culturelle aussi est pauvre, mis à part le festival d'Avignon. "Ça donne vraiment ds gros contrastes sociaux et culturels."

Le personnage de Jo s'insère dans ce panel. Elle est la sœur de Céline, a 15 ans et les yeux vairons - un bleu, un vert -, et voit la vie autrement : elle aime le théâtre. Une bizarrerie qui la sauve de son environnement. "Elle est la seule qui a une porte de sortie a priori, contrairement à sa sœur qui est dans la reproduction, dans la circularité des choses. Elle va découvrir d'autres codes et donc la possibilité de naviguer entre plusieurs mondes. La rencontre de différentes classes sociales est quelque chose qui ma passionne et qui revient dans mes bouquins jeunesse."

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