Rares sont les airs de musique classique aussi bien connus du grand public. Les premières mesures du Boléro de Ravel sont reconnaissables entre mille. En version opéra, rock, électro, pop, dans le cinéma ou les spectacles de danse, on peut l'entendre dans toutes sortes de lieux, et à tout moment. Damien Cabrespines et Anne-Solen Douguet en ont même tiré un document, Refrain du Monde, qu'ils présentent lundi au micro d'Emilie Mazoyer. Leur film regorge d'anecdotes étonnantes sur ce morceaux qui a inspiré, au fil des années, les plus grands artistes...
Un succès immédiat
La première représentation du Boléro a lieu le 22 novembre 1928 à l’opéra de Paris. C'est la danseuse et mécène russe, Ida Rubinstein, qui l'avait commandé à Maurice Ravel. Elle l'interprète elle-même sur scène. "C'est un triomphe immédiat. Ravel est tout de suite encensé", affirme Damien Cabrespine.
Depuis, le succès n'est jamais retombé. "A tout moment, on peut penser que le Boléro est joué quelque part dans le monde...", imagine Damien Cabrespine. Sans compter qu'il a depuis longtemps franchi les portes de l'opéra... En 2014, une étude commandée par le site d'écoute en streaming Spotify et réalisée par Daniel Müllensiefen, psychologue de la musique, a révélé que le Boléro est la troisième musique la plus écoutée... pendant l'amour !
Une première version rock signée Jeff Beck
Voilà pour la version originale. Mais depuis des décennies, des artistes de tous les styles et de toutes les nationalités se frottent au Boléro, le réinterprétant, reprenant son rythme, ou y ajoutant des paroles. La première reprise rock est enregistrée par Jeff Beck en 1966. Plusieurs musiciens illustres sont présents : Jimmy Paige et John Paul Jones, futurs membres de Led Zeppelin, Keith Moon, des Who, et le pianiste Kicky Hopkins. Depuis, des dizaines de reprises ont été publiées, et les artistes (Iron Maiden, Björk, Angélique Kidjo, Rufus Wrainright) multiplient les références. D'autant que le Boléro appartient désormais au domaine public.
La sueur de l'étoile Marie-Agnès Gillot
Le Boléro version dansée n'a rien perdu non plus en popularité. La chorégraphie de Maurice Béjart est notamment restée dans les annales. La danseuse Marie-Agnès Gillot, la dernière à avoir été formée par Béjart lui-même, en a tiré une immense renommée. Elle a d'ailleurs à son tour suscité l'inspiration de l'artiste Charbel-joseph H. Boutros. Après une représentation, il a collecté et mis en boite la sueur de la danseuse. Elle trône depuis, sur le toit du Palais de Tokyo, dominant Paris.