Trois nouveaux livres numériques, quatre nouveaux hors-série et des nouvelles publiées sur Pottermore (un site animé par l'auteure elle-même) en plus de la pièce de théâtre déjà sur les planches à Londres... Contrairement à ce qu'elle avait annoncé en juillet dernier, la romancière J.K. Rowling ne semble pas prête à abandonner l'univers magique de son personnage à succès Harry Potter. Mais quel est le secret de cette saga aux ressources inépuisables ? Pourquoi l'auteur ne parvient-elle pas à se détacher de l'univers qu'elle a créé depuis il y a plus de 20 ans ? Éléments de réponse.
Un grand attachement à ses personnages. Dans un reportage qui lui était consacré par la BBC en 2007, la romancière s'était confiée sur son désir de savoir ce que deviennent ses personnages. "C'est plus fort que moi, c'est comme une course à pied, une fois passée la ligne d'arrivée, on ne peut pas s'arrêter. Je sais ce qui va se passer après, je n'ai pas pu empêcher mon imagination de travailler. Ça fait beaucoup de détails pour quelqu'un qui ne veut pas écrire une suite mais c'est comme ça." Sous l'oeil de la caméra, l'écrivaine dresse l'arbre généalogique des Potter, des Weasley et même de Luna Lovegood et de son mari, "grand naturaliste" précise-t-elle. Une manière sans doute pour elle de prolonger encore un peu la vie littéraire des personnages qui ont traversé la saga la plus lue au monde.
Une obligation de répondre aux attentes de ses fans-lecteurs. Lorsqu'on a écoulé plus de 450 millions d'exemplaires et conquis la planète entière avec les aventures d'un sorcier et de ses amis, la pression est immense. Une situation que le spécialiste des romans d'horreur Stephen King connaît lui aussi. Interrogé par une journaliste du New York Times, qui a tenté de comprendre pourquoi la fin de la saga Harry Potter était sans cesse repoussée, l'écrivain a donné une explication selon son expérience : "Je pense qu’elle aime les fans de Harry Potter, et c’est dur pour elle de les laisser tomber. Elle se rend bien compte que des millions de gens ont adoré ces livres. Les écrivains sentent qu’ils ont une responsabilité face à leur lecteur, et ce qu’elle fait est une manière de leur dire : ‘Vous en voulez encore ? Je vais vous en donner encore.'"
Dès 2007, la romancière évoquait cette pression. Après avoir mis un point final au dernier tome de la série, Harry Potter et les reliques de la mort, J.K. Rowling a déclaré "C'est peut-être nul. Certains vont détester de toutes leurs forces. Mais c'est dans l'ordre des choses [...] Certains seront déçus, parce qu'il ne se passe pas ce qu'ils espéraient. Et puis l'attente des fans purs et durs est telle que je ne serai jamais à la hauteur." Un succès qui ne s'est pourtant jamais démenti tout au long des 17 années d'écriture de la saga.
Une manne financière. Et si cette production si généreuse tenait aussi aux revenus colossaux générés par les romans, les hors-série, les films, les expositions, les produits dérivés et autres parcs à thème ? Car la marque Harry Potter a rapporté plus de 7,7 milliards de dollars (6,8 millions d'euros) rien que pour les films d'après Box Office Mojo. Dans ces conditions, difficile peut-être de ne pas céder à l'envie de faire perdurer une telle réussite financière. Dans le classement Forbes des célébrités les mieux payées au monde en 2015, J.K. Rowling apparaît à la 84ème place. Une fortune enviable que l'on espère ne pas être la seule motivation de l'auteur.