Elle devait interpréter une autre chanson, mais choisit finalement Like a Virgin. Le 14 septembre 1984, Madonna jaillit en direct d'un énorme gâteau, vêtue d'une robe de mariée, avec, sur la boucle de sa ceinture, l'inscription "jouet pour garçon". Sur le plateau de la chaîne MTV, qui inaugure ses premières récompenses pour des vidéos musicales, la chanteuse de 26 ans mime l'acte sexuel sur le sol, dévoilant ses sous-vêtements. Habituée des cérémonies "traditionnelles" comme les Oscars ou les Grammys, l'Amérique est sous le choc. Certains prédisent une fin de carrière précipitée pour la jeune femme, connue du grand public depuis à peine un an. Trente-quatre ans plus tard, l'histoire leur a donné largement tort. Loin d'être terminée, la carrière de la "Madone", qui fête jeudi son soixantième anniversaire, est aussi riche en tubes qu'en scandales.
Croix en feu et bondage. En 1989, c'est le clip de Like a Prayer qui fait scandale : avec une alternance de sexe et d'images religieuses, on y voit Madonna faire l'amour à la statue d'un saint noir, ou danser devant des croix en feu, le symbole du mouvement du Ku Klux Klan. Le Vatican proteste et les mouvements religieux menacent de boycotter Pepsi, qui renonce sous la pression à son contrat publicitaire avec la chanteuse. Un an plus tard, même la chaîne de MTV refuse de diffuser la vidéo accompagnant le titre Justify My Love, qui dépeint des pratiques de bondage dans un hôtel. La controverse réussit cependant à la chanteuse : avant l'apparition de Youtube, le clip bat des records de vente.
La chanteuse forge également sa réputation sur scène, comme lors de la tournée "Blond Ambition", en 1990. Elle y célèbre le sexe et l'homosexualité, avec des danseurs censés la masturber sur Like a Prayer. La provoc' passe aussi par le style : c'est lors de cette tournée que la reine de la pop adopte les soutiens-gorges coniques de Jean-Paul Gaultier, auxquels son image restera associée. En 1992, le livre Sex, florilège de photos de Madonna dans des positions suggestives, se vend à 500.000 exemplaires en 15 jours - 1,4 million d'exemplaires dans le monde à ce jour.
Strip-tease et croix gammée. Devenue une aînée dans la profession au fil des ans, l'artiste n'en réussit pas moins à continuer de faire parler d'elle, refusant d'abandonner une sexualité exprimée sans complexe. En 2003, toujours sur MTV, elle embrasse passionnément ses cadettes Christina Aguilera et Britney Spears, vêtues de robes de mariées en hommage à leur idole, dans une scène devenue culte.
La sex-symbol de soixante ans est également connue pour ses engagements politiques, toujours tranchés. Apparue à la "Marche des femmes" de Washington au lendemain de l'entrée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017, elle s'est aussi attaquée à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, diffusant à plusieurs reprises un clip vidéo dans lequel elle était affublée d'une croix gammée sur le front. "Venant d'une nana qui lance son slip dans la salle, ce n'est pas très étonnant", avait alors réagi la principale intéressée avant de porter plainte.
Souvent ramenée à ses provocations, Madonna les a régulièrement revendiquées, pour l'une des dernières fois lors du BillBoard Women in Music en 2016. "Merci à vous de reconnaître mon talent, qui a été de poursuivre ma carrière pendant 34 ans malgré un sexisme et une misogynie flagrants, un harcèlement constant et des abus sans fin", a-t-elle commenté en recevant le prix de femme de l'année. "Je pense que la chose la plus controversée que j'ai jamais faite, c'est de rester. Michael (Jackson, ndlr) est parti. Tupac est parti. Prince est parti. Whitney (Houston, ndlr) est partie. Amy Winehouse est partie. David Bowie est parti. Mais je suis toujours là, debout."