Pourquoi dit-on belle-mère ? Beau-fils ? Belle-fille ? Et pourquoi ce terme a peu à peu remplacé celui de "marâtre", souvent utilisé jusque-là ? Dans l'émission Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, Stéphane Bern s'intéresse aux racines de ces mots, du latin au goth.
"Aujourd'hui, je voudrais évoquer un sujet peut-être douloureux pour vous, mais je me lance : je voulais parler des belles-mères. Pourquoi dit-on 'belle-mère' ? 'Beau-fils' ? 'Belle-fille' ? Chez nos amis Anglo-saxons par exemple, on parle de 'mother in law', ce qui signifie 'mère au nom de la loi', la belle mère devenant la figure maternelle 'au regard de la loi' en cas de remariage civil.
Dans l’antiquité, la belle-mère était appelée la 'marâtre', un terme beaucoup moins péjoratif qu'aujourd'hui. Issu du latin matrastra, cette appellation va avoir de plus en plus mauvaise presse, en témoigne la description donnée par le poète du 17ème siècle Antoine Furetière : "Marâtre, femme d’un second lit qui maltraite les enfants d’un premier, pour avantager les siens."
Ah mon beau fils
Marâtre pour belle-mère, parâtre et fillâtre pour beau-père et belle-fille, puis le suffixe -âtre va petit à petit disparaître au profit du préfixe beau-. Mais attention, un 'beau' qui désigne plutôt l’affection que l’esthétisme. Le 'beau' était l’équivalent de 'cher', comme lorsque l’on dit aujourd'hui 'cher monsieur' ou 'cher ami'.
Au 13ème siècle déjà, quand Saint-Louis s’adressait à son fils, il disait mon "biau fils". Au 14ème siècle, on emploie facilement le terme de 'bon père' et 'bonne mère' pour désigner ses parents. Il est amusant de constater que 'la bru' est une expression toujours utilisée actuellement et pourtant, c’est un mot venant du 3ème siècle, inventé par les Goths, tout comme 'gendre' que l’on use encore et qui vient du latin gignere qui signifie engendrer.
Quittons-nous sur un sourire avec ce bon mot de Pierre Doris : 'Aux dernières étrennes, j’ai offert une chaise à ma belle mère, aux prochaines, je la ferai électrifier'."