La crise fait rage aux César. Dans une tribune publiée lundi soir sur le site du Monde, plus de 200 personnalités du cinéma français dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Céline Sciamma ou Agnès Jaoui ont dénoncé l’opacité et le manque de démocratie au sein de l’Académie des César, réclamant une réforme profonde. Le réalisateur Michel Hazanavicius, qui fait partie des signataires, explique sur Europe 1 les raisons de ce malaise.
"Il y a 4.700 membres de l’Académie qui n’ont aucune voix au chapitre sur l’ensemble des décisions qui sont prises. Ce n’est pas une association de quartier, c’est une grosse machine qui est notre vitrine", déplore le cinéaste. "L’idée c’est de mettre l’académie des César sur le même mode de fonctionnement que toutes les autres académies comme les Oscars ou les Bafta. Ce n’est certes pas le combat le plus urgent, mais il y a eu des dysfonctionnements qui ont révélé un malaise chez beaucoup de gens".
"Le conseil d’administration est totalement fermé"
L’Académie des César, déjà secouée par la polémique Roman Polanski, arrivé en tête des nominations pour la prochaine cérémonie malgré des accusations de viol, est cette fois vivement critiquée de l’intérieur. Au cœur des critiques : un fonctionnement jugé "fermé." "Les 4.700 personnes pourraient voter pour avoir des représentants au conseil d’administration. Or, aujourd’hui, le conseil d’administration est totalement fermé, les seuls qui peuvent rentrer sont ceux qui ont un Oscar", déplore Michel Hazanavicius, lui-même oscarisé pour son film The Artist en 2012.
A l’heure actuelle, le conseil d’administration des César est composé des membres fondateurs, d’anciens présidents ou de membres de l’association. "Il y aurait plus de transparence et de fluidité dans toutes les prises de décisions, comme le déroulement de la cérémonie, à qui on va donner un César d’honneur…", poursuit Michel Hazanavicius.
"On parle d’un changement structurel"
L’Académie des César a réagi en promettant de nommer un médiateur, "en charge d’une profonde réforme des statuts et de la gouvernance de l’Académie". Alain Terzian, président des César, avait promis il y a quelques jours d’instaurer la parité au sein du collège des votants. "Ça ne concerne pas que la parité, c’est très bien mais ce n’est pas en faisant rentrer des femmes que les problèmes vont se changer. On parle d’un changement structurel. L’idée c’est d’aligner les César sur les autres académies comparables", conclut le réalisateur.