Le célèbre compositeur de musiques de films Michel Legrand est mort samedi, à l'âge de 86 ans. Parmi les œuvres immortelles du compositeur se trouve la bande-originale et les chansons du Peau d'âne de Jacques Demy, sorti en 1970. Une partition inoubliable que Michel Legrand avait réadaptée l'an dernier pour l'adaptation du film sur la scène du théâtre Marigny, à Paris, son ultime accomplissement de musicien (représentations jusqu'au 17 février). "C'est un grand frère qui va nous manquer. Et en même temps, je sais qu'il sera là tous les jours à travers sa musique", réagit, au micro d'Europe 1, Jean-Luc Choplin, directeur du théâtre Marigny.
Standing ovation lors de la première. "Je lui ai proposé d'adapter Peau d'âne sur scène, ce qui n'avait jamais été fait. Il fallait donc tout réorchestrer et tout réenregistrer, de façon à avoir une musique pour l'orchestre dans la fosse et une autre pour un grand orchestre symphonique enregistré", raconte Jean-Luc Choplin. "Il a fallu tout réécrire. Michel était complètement passionné par cette aventure. Il m'avait dit : 'Je veux que les musiciens dans la fosse soient comme mes frères'." Le résultat a visiblement enchanté le public : "Michel était là pour la première le 14 novembre et il avait reçu une standing ovation de 20 minutes", se souvient Jean-Luc Choplin.
Europe 1 était d'ailleurs allé rencontrer Michel Legrand lors des sessions d'enregistrement, à Suresnes, près de Paris, quelques semaines avant les premières représentations au théâtre Marigny. "C'est rigolo", s'amusait le compositeur de 86 ans. "La musique à un style précis qu'il faut suivre, c'est comme un jeu." Pas moins d'une cinquantaine de musiciens ont été réquisitionnés pour cet enregistrement, un orchestre symphonique mené à la baguette par un chef très attentif.
"C'est une conversation qui s'arrête". Michel Legrand n'avait pas l'intention de s'arrêter là. "Depuis un an nous étions très proches, nous nous sommes beaucoup vu puisque nous avons travaillé ensemble. Il avait encore plein de projets", assure le directeur du théâtre Marigny à Europe 1. "Il s'intéressait de près au Comte de Monte-Cristo, il avait aussi commencé à travailler sur une très jolie idée à propos d'un manoir hanté qu'il voulait adapter avec nous", précise Jean-Luc Choplin, très ému par la mort de son "frère". "C'est une conversation qui s'arrête, je ressens une très grande tristesse."