Mireille Darc accueille Pierre Richard de face, dans une longue robe noire près du corps. Elle lui dit "bonsoir", se retourne, et dévoile un décolleté plongeant jusqu'au bas de son dos, laissant l'acteur sans voix... Plus de quarante ans après, "la scène du dos nu", dans Le Grand Blond avec une chaussure noire reste mythique. Et le décès de Mireille Darc, lundi à l'âge de 79 ans, est l'occasion de revenir sur le choix de ce vêtement "visionnaire".
"Jusqu'à ce que ça devienne indécent". "La robe a été commandée par Mireille Darc elle-même", raconte à Europe 1 Olivier Gabet, directeur du musée des arts décoratifs. "Elle se retrouve chez le couturier Guy Laroche, dans les ateliers, et demande, parce qu'elle n'a pas de seins, dit-elle, qu'on lui fasse un décolleté du dos. Elle demande de descendre le plus bas possible, jusqu'à ce que ça devienne indécent." Résultat : une robe "d'une sensualité totale, qui va être une des icônes de l'histoire de la mode au cinéma."
"C'était totalement visionnaire". Et pour cause : un tel décolleté n'est, pour l'époque, pas commun. "On est en 1972 et Guy Laroche fait partie de ces couturiers qui veulent un peu morderniser la haute couture et contribuer à la libération de la femme à travers la mode. Dans cette robe, Mireille Darc est pleine de sensualité, mais aussi d'indépendance, de liberté de ton", poursuit Olivier Gabet. Le créateur Jean-Charles de Castelbajac abonde : "Un décolleté tout à fait extraordinaire et très novateur dans le dos, puisqu'il partait de la naissance des épaules pour se prolonger jusqu'à la naissance des fesses... C'était totalement visionnaire."
"Comme la robe Vichy de Bardot". Olivier Gabet ajoute une anecdote : "Mireille Darc n'a pas dévoilé la robe à Pierre Richard avant le début du tournage ! Sa stupéfaction dans le film est aussi due largement au fait qu'il découvre la robe en même temps que le spectateur." Le regard hébété de l'acteur a largement contribué à rendre la robe mythique, lui donnant "une dimension de surprise", selon Jean-Charles de Castelbajac. "Cette robe, c'était comme ce qu'a été pour Simone Veil le tailleur Chanel, ou pour Bardot la robe Vichy. Souvent, une artiste est incarnée par un vêtement mythique qu'elle porte."
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En 2013, Nikos Aliagas avait interviewé Mireille Darc à l'occasion de la sortie de son livre Une femme libre. Réécoutez l'émission ici.
En 2016, la comédienne était à nouveau reçue par Nikos alors qu'elle exposait pour la première fois ses propres photos. Réécoutez l'émission ici (à partir de 30'). Elle y expliquait notamment ne conserver aucun souvenir de ses tournages.