"J'ai confiance en la justice". Sur Europe 1, mardi, le réalisateur François Ozon s'est dit "zen" sur la sortie mercredi de son film Grâce à Dieu, qui retrace l'histoire de victimes présumées du père Bernard Preynat. Lundi, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a rejeté la demande de Me Emmanuel Mercinier et de son client, le prêtre de la région lyonnaise, qui demandaient le report de la sortie du long-métrage.
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Mardi après-midi, le juge des référés doit se prononcer sur une autre demande de report, adressée cette fois par l'ex-assistante du cardinal Barbarin, qui reproche au long-métrage d'avoir utilisé son vrai patronyme. "Le film n'est pas à charge contre cette dame, on la montre dans un cadre professionnel, dans un cadre public", a réagi le réalisateur au micro de Nikos Aliagas, mardi matin.
"La fiction fait peur". Quant à la présomption d'innocence du père Preynat, que le film aurait bafouée selon son avocat, il n'en est pas question pour François Ozon : "Il n'a pas attaqué les journalistes qui ont écrit des choses sur Bernard Preynat, il se réveille aujourd'hui parce que c'est le cinéma", reproche-t-il à Me Mercinier. "La fiction fait peur. Le film parle des faits qu'il a reconnus, mais ça avait déjà été dit et publié avant. Je pense que cet avocat prépare la défense de son client pour le procès."
" Mon but était de faire un film sur la fragilité masculine, sur l'intimité de ces hommes qui ont osé parler "
La justice a précisément refusé d'obliger le réalisateur à faire mention de l'innocence du père Preynat dès le début du film et de ne pas utiliser son prénom et son nom. "Je regrette amèrement cette décision, non seulement dans l’intérêt du père Preynat, mais plus largement dans l’intérêt général", a déclaré l'avocat. "Présenter durant deux heures comme coupable un homme qui n’a pas encore été jugé comme tel constitue une atteinte à la présomption d’innocence, que ne saurait évidemment pas réparer le fait d’écrire ensuite le contraire durant deux secondes."
Focus sur "la fragilité masculine". Le réalisateur a aussi tenu à préciser l'objet de l'oeuvre, primée samedi au festival de Berlin : "Mon film est sur les victimes, pas sur le père Preynat. Mon but était de faire un film sur la fragilité masculine, sur l'intimité de ces hommes qui ont osé parler, et qui montre les choses de manière humaine. J’ai eu envie de raconter le combat des victimes et de la difficulté de parler. C'est ça, le vrai sujet du film."