Much loved, du Franco-marocain Nabil Ayouch, est loin d'être sorti incognito sur les écrans. Le film a d'abord été interdit par le gouvernement marocain, qui ne l'avait pourtant pas vu, juste après sa présentation au festival de Cannes. Il n'est toujours pas possible de le voir aujourd'hui au Maroc. 4.000 personnes ont par ailleurs "liké" l'exécution du réalisateur et de ses comédiennes sur Facebook. Au point que l'équipe du film a même dû être protégée. Much Loved, indéniablement, dérange. Il n'en est pas moins un très beau film.
Nabil Ayouch dénonce un tabou. Au fil des scènes, le quotidien de quatre prostituées au Maroc s'étale crûment. Ces femmes, esclaves du sexe, sont avilies, humiliées par de riches Saoudiens ou des hommes européens (on voit d'ailleurs un Français dans le film), des hommes qui viennent s'encanailler à Marrakech. Much Loved met ainsi le doigt sur un tabou social : tout le monde (pères de famille, policiers…), se sert de ces femmes, que la société entière s'attache pourtant à nier.
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Des personnages forts. Le film, pensé comme un documentaire, reste fictionnel. Et tape dans le mille. Much Loved est à l'évidence "un très beau film de cinéma", assure Bruno Cras, journaliste à Europe 1. Nabil Ayouch fait de ces femmes des personnages forts. Elles se battent, elles sont volcaniques, solidaires, humaines et tendres, malgré la solitude et la fatigue qui les atteignent parfois.