Et si le punk revenait en force en ce début d'année 2021 ? Les groupes de punk Shame et Sleaford Mods sortent vendredi un nouvel album, un demi-siècle après l'apogée des Sex Pistols, des Clashs ou des Ramones. Mais si la musique punk est toujours aussi énervée et les guitares aussi saturées, les paroles sont peut-être plus consensuelles qu'avant. Comme dans Station Wagon, où le chanteur de Shame nous dit qu'il n'y a pas de mal à être plus doux au quotidien. Dans son titre Mother, le groupe Idles remercie… les mamans.
Le groupe Viagra Boys, qui vient de sortir un deuxième album, évoque quant à lui la masculinité toxique.
Hiatus avec l'esprit d'origine
Le punk est de retour, oui, mais avec des paroles plus bienveillantes que les grands groupes des années 1970, donc. La vie est plus saine pour certains, aussi. "Ils sont plutôt proches de l’idéologie des hippies que les punks qu’on était en 1976", constate Solveig Serre, chercheuse au CNRS et co-auteure avec Luc Robène du Lexique franco-punk. "Parce qu’être écolo, défendre les animaux et boire de l’eau claire n'était pas du tout l’esprit des punks d’origine qui, eux, revendiquaient la crasse, la rue, la drogue, la défonce. Cela interroge aussi sur ce que la société fait aux marges en quarante ans."
Pourtant, le punk est toujours aussi politique. Les Sex Pistols critiquaient la royauté britannique dans God Save The Queen quand les Fontaines DC, eux, font hommage à la poésie de la classe ouvrière irlandaise. Ils nous invitent, comme un conseil, à ralentir dans leur dernier album, sorti cette année et nommé depuis aux prestigieux Grammy Awards.