L'année cinématographique a été marquée par une forte actualité en dehors des salles. Qu'il s'agisse de l'affaire Harvey Weinstein ou de la sélection de deux films produits par Netflix à Cannes, le septième art a connu de nombreux soubresauts en 2017. Europe 1 vous propose de revenir sur les douze derniers mois, alors que l'année 2018 et son lot de nouvelles réalisations va bientôt débuter.
L'imbroglio des Oscars
Il y a des soirs comme ça, où rien ne se passe comme prévu. Pour la 89e cérémonie des Oscars, le 26 février dernier, il y avait un grand favori : La La Land de Damien Chazelle. Nommé 14 fois, le film du cinéaste repart (tout de même) avec six statuettes mais n'obtient pas le sacre ultime, l'Oscar du meilleur film. Enfin, mathématiquement si, pendant trois minutes.
En effet, lors de la remise du prix, une mauvaise enveloppe (celle de l'Oscar de la meilleure actrice d'Emma Stone pour La La Land) a été donnée aux remettants : Warren Beatty et Faye Dunaway. Face au public, les deux acteurs passent outre la mention de l'actrice et annonce La La Land comme meilleur film. Toute l'équipe du long-métrage monte pour les remerciements pendant qu'en coulisses, on s'agite devant ce mauvais résultat annoncé. Un régisseur vient finalement sur scène expliquer l'imbroglio aux mauvais vainqueurs et c'est un des producteurs de La La Land, Jordan Horowitz, qui annonce lui-même au micro le quiproquo : "Non, il y a erreur ! Moonlight, vous avez l'Oscar du meilleur film ! Ce n'est pas une blague". Un fait unique dans l'histoire, que même les plus grands scénaristes hollywoodiens n'auraient pas imaginé.
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Netflix relance la débat de la chronologie des médias
Invité surprise du 70e festival de Cannes, la plate-forme de SVOD Netflix a ranimé le débat sur la chronologie des médias. Deux films, dont le géant américain était producteur, ont en effet été sélectionnés pour la compétition officielle : Okja de Joon-Ho Bong et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach. Grogne du côté des exploitants français qui fustigent cette exposition pour un acteur du marché qui ne participe pas à la création française, et gène du côté de l'organisation du Festival. Quant à Netflix, la plate-forme refuse en effet de sortir les films en salles dans l'Hexagone car la chronologie des médias l'oblige à respecter un délai d'attente de 36 mois entre l'exploitation en salles et l'offre à ses abonnés français.
C'est donc tout le système de la chronologie des médias, créé en 1982, qui est mis au centre de l'attention. Un fonctionnement tantôt encensé, tantôt décrié, depuis des années. Le Festival de Cannes a quant à lui pris les devants pour l'édition 2018 : les films en compétition devront préalablement s’engager à être distribués dans les salles françaises.
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Hollywood et harcèlement sexuel
Tremblement de terre à Hollywood le 5 octobre dernier. Une enquête du New York Times, de Jodi Kantor et Megan Twohey, met en lumière de nombreux faits de harcèlement sexuel de la part d'Harvey Weinstein, l'un des plus puissants producteurs de cinéma du monde. Quelques jours plus tard, une seconde enquête du New Yorker donne la parole à plusieurs actrices, dont Asia Argento, Rose McGowan et Lysette Anthony. Elles accusent toutes le producteur de viol et, à leur suite, des dizaines d'actrices témoignent des tentatives d'agressions sexuelles et d'harcèlements qu'elles ont subi de la part du président de la Weinstein Company, rapidement renvoyé une fois ces publications parues.
Harvey Weinstein devient alors un symbole de l'oppression masculine dans certaines sphères de pouvoir. À Hollywood, mais aussi en France, la parole des femmes se libèrent pour dénoncer des agressions et harcèlements sexuels et d'autres comportements de personnalités, dans le monde entier et dans tous les secteurs. En ce qui concerne le cinéma, Dustin Hoffman ou encore Kevin Spacey sont notamment accusés par plusieurs personnes. Pour ce dernier, les accusations se multiplient au point que Netflix écarte l'acteur de House of Cards et que le cinéaste Ridley Scott "l'efface" de son prochain film, Tout l'argent du monde.
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Blockbusters en mal de public
L'année 2017 a un gout amer pour certains mastodontes du septième art. Beaucoup de blockbusters ont déçu en salles cette année. Une des tendances les plus importantes est l'échec relatif des suites. Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, Alien : Covenant, Transformers : The Last Knight, La Planète des Singes : Suprématie et Cars 3 ont tous engrangés moins d'argent en salles que leurs prédécesseurs. Et ce n'est pas les très mauvais scores de La Momie, Baywatch : Alerte à Malibu, ou encore La Tour Sombre qui ont inversé la tendance.
Symbole de cette mauvaise santé de passage : les chiffres de l'été 2017, période phare pour les blockbusters. Pour la première fois depuis 2006, le marché n'a pas franchi la barre des quatre milliards de dollars sur la saison (3,4 milliards d'euros). Comparé à l'été 2016, on enregistre une chute de 14,6%, estime Variety.
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Ceux qui nous ont quittés
La liste est longue, terriblement longue. En 2017, des artistes de premier plan du septième art sont morts. Qu'ils soient français - Emmanuelle Riva, Claude Rich, Mireille Darc, Danielle Darrieux ou encore Jean Rochefort - ou de nationalités étrangères - John Hurt, Roger Moore, Jonathan Demme, George A. Romero ou encore Tobe Hooper.
Le 31 juillet, c'est un pan entier du cinéma français qui s'écroule avec le décès de Jeanne Moreau. Éternelle grande dame du cinéma, la comédienne avait tourné avec les plus grands réalisateurs internationaux, d'Orson Welles à Michelangelo Antonioni en passant par François Truffaut. Une voix, une aura et une présence qui va douloureusement nous manquer.
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