Omar Sharif, c’était un regard langoureux et une élégante moustache. A 83 ans, le "Prince d’Egypte", qui souffrait de la maladie d'Alzheimer, est mort d’une crise cardiaque au Caire, "dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer", a déclaré son agent Steve Kenis, depuis Londres. Europe 1 vous dresse en cinq points le portrait de cet éternel flambeur.
- Youssef Chahine, l’homme qui a changé son existence
Après des études de mathématiques et de physique à l'Université du Caire, Omar Sharif, né Michel Chalhoub le 10 avril 1932, travaille cinq ans avec son père. Mais au fond de lui, il rêve de jouer. C’est sa rencontre fortuite avec Youssef Chahine, dans un salon de thé cairote, comme le rapporte Libération, qui va faire basculer sa vie. En 1954, le réalisateur égyptien le repère et lui offre son premier rôle dans Ciel d'enfer. L’acteur devient une star dans son pays.
- Une aura de tombeur, mais un seul amour dans sa vie
Ce film marque sa rencontre avec la star égyptienne Faten Hamama, qu'il épouse un an plus tard et dont il sera fréquemment partenaire à l'écran. Pour elle, Omar Sharif, élevé au sein d’une famille de négociants en bois précieux d'origine syro-libanaise, dans le rite grec-catholique melkite, se convertit à l'islam. Même si plus tard, il confiera se sentir "agnostique". De ce couple, parmi les plus glamours du cinéma égyptien, naîtra un fils, Tarek. En 1974, c’est le divorce, alors que l'acteur lance sa carrière à Hollywood. Malgré son image de séducteur aux conquêtes multiples, Omar Sharif décrira Faten Hamama comme le seul amour de sa vie.
- Lawrence d’Arabie, son ticket pour Hollywood
C’est en 1962 que la carrière d’Omar Sharif, véritable vedette dans son pays natal, prend une tournure internationale. Sa prestation dans Lawrence d’Arabie de David Lean, où il campe le prince Ali Ibn el Kharish aux côtés de Peter O’Toole, lui ouvre les portes d’Hollywood. L’acteur à la voix rauque s’installe aux Etats-Unis et signe avec la Columbia pour sept ans. Une première pour un acteur arabe à l’époque. D'autant qu'il remporte le Golden Globe du meilleur second rôle en 1963. Deux ans avant d'être récompensé par le Golden Globe du meilleur acteur, cette fois, pour son interprétation du médecin russe dans Docteur Jivago, également réalisé par David Lean.
Lawrence d'Arabie - Vers Damaspar RioBravo
Si Omar Sharif a été choisi pour Lawrence d'Arabie, c’est parce que David Lean recherchait un comédien arabe parlant anglais, comme l'expliquait Omar Sharif lui-même sur Europe 1, en 1988 : "David Lean voulait un acteur qui soit authentique. Il voulait quelqu'un avec des yeux noirs [...] Il a demandé à son assistant de lui apporter toutes les photos d'arabes qui existent, au Maroc, en Tunisie, en Egypte... On lui a donné 200 ou 300 photos d'acteurs et, je ne sais pas pourquoi, il a sorti la mienne et il a dit : 'Si ce garçon parle anglais, amenez-le ici".
Et si l'acteur a cette chance de parler anglais, chose plutôt rare à l'époque, "c’est parce que ma mère, qui voulait que je sois le plus beau, trouvait que j’étais trop gros lorsque j’étais enfant. Alors, elle m’a envoyé en pensionnat à l’école anglaise, parce qu’on y mangeait mal", racontait Omar Sharif en 2001 à Libération. Ainsi, au Victoria College d’Alexandrie, l'enfant découvre le théâtre et l'anglais, qu’il parlera couramment comme le français, l'italien ou encore le grec.
- "Beaucoup de mauvais films" pour éponger ses dettes de jeu
Avec plus de 70 films au compteur, l'acteur confiera avoir tourné "beaucoup de mauvais films" par nécessité. Car loin des plateaux de tournage, Omar Sharif était un flambeur, un joueur incontrôlable, toujours près de frôler la ruine. "Tout l'argent que je gagne, je le perd. Quand j'ai de l'argent, je suis obligé de le dépenser, mais ça ne me gêne pas de ne pas en avoir", assurait ce joueur professionnel de bridge, accro aux casinos et au tiercé.
Pour payer ses dettes de jeux, Omar Sharif devra même vendre en urgence le seul appartement qu'il ait jamais possédé, à Paris. Un tempérament borderline, qui vaudra d’ailleurs à l’acteur quelques démêlés avec la justice. En 2003 pour un coup de tête à un policier au casino d'Enghien-Les-Bains et, en 2007, pour l’agression d’un voiturier, à Los Angeles, qui refusait son billet de 20 euros et réclamait des dollars.
- Les courses de chevaux, son dada
Parmi les nombreuses addictions qui permettaient à cette légende du cinéma de tromper sa solitude : les chevaux et les courses hippiques. Durant plusieurs années, cet amateur de paris hippiques avait même fait la publicité du Tiercé magazine, avec cette fameuse formule : "Les courses, vous le savez, c'est ma grande passion". Une passion pour les chevaux lui venant de son plus jeune âge, lorsqu’il allait voir des courses avec son père, et qui l’avait poussé à devenir propriétaire d’une importante écurie de chevaux de course.