Aussitôt publiée, la liste des nommés au Césars 2020 a déclenché une levée de bouclier. Le dernier film de Roman Polanski, J’accuse, a récolté 12 nominations, malgré la polémique qui entoure le réalisateur, accusé de viols par plusieurs femmes. "Le climat est compliqué", reconnait le président des Césars, Alain Terzian, dans une interview accordée au JDD. La polémique a fait surgir de nombreuses critiques à l’encontre de l’Académie elle-même, réputée opaque et peu égalitaire.
La parité est devenue "vitale"
"Aujourd’hui, sur les 4 680 membres de l’Académie, dont 4 313 à jour de leur cotisation, on a 65 % d’hommes et 35 % de femmes. C’est anachronique par rapport à notre société. On n’est pas les seuls dans ce cas, mais ce n’est pas une excuse", convient Alain Terzian. Il annonce vouloir mener une "révolution culturelle" afin d’atteindre une parité devenue "vitale". "Un vrai 50/50. Nous allons ouvrir massivement à 700 ou 800 femmes supplémentaires le collège des votants", promet-il.
Sur les dernières nominations, Alain Terzian dit ne pas avoir "à avoir un avis". "Les votants votent en ligne de manière anonyme et sécurisée […] S’il y a autant de femmes que d’hommes qui votent, ça changera peut-être les nominations et les -palmarès", poursuit-il.
"On aurait pu se réveiller plus tôt, c’est vrai"
Ce n’est pas la première fois que le Césars sont critiqués pour leur manque d’égalité. Alors pourquoi avoir attendu pour mener une réforme en profondeur ? "Nous ne sommes ni sourds ni aveugles. On observe ce qui se passe. Le monde a changé et on aurait pu se réveiller plus tôt, c’est vrai", répond le patron des Césars. Il explique l’inertie par l’organisation de l'Académie, toujours chapeautée par "des hommes, blancs et âgés". Mais, nuance-t-il, "je ne vais pas dire à [Claude] Lelouch ou à Costa-Gavras de partir alors que leur vie se confond avec le cinéma".
Les changements à venir pourraient toutefois secouer durablement l’Académie. Car Alain Terzian n’est pas à cours de proposition : "Peut-être que l’assemblée décidera de limiter le nombre de mandats, actuellement renouvelés tous les cinq ans. En ouvrant à la parité, on va renouer le fil des générations."