"Luc Besson n'a qu'à tourner son film en français", assure, sans hésitation, le réalisateur, producteur et ancien président de la Commission d'avance sur recette au Centre National du Cinéma (CNC) Pascal Thomas, mercredi sur Europe 1. Il a ainsi réagi avec vigueur à la polémique qui entoure le dernier projet de Luc Besson. Ce dernier veut tourner, dès le début de l'année prochaine, son prochain film adapté de la bande-dessinée Valerian, en anglais. La ministre de la Culture Fleur Pellerin a aussi été la cible de Pascal Thomas.
Pourquoi Besson en appelle à Pellerin ? 170 millions d'euros de budget seront nécessaire à la réalisation de cette superproduction qui emploierait 1.200 personnes pendant six mois. Mais le problème, c'est la fiscalité. Le système de crédit d'impôt cinéma permet à une société de production de déduire de son imposition 20% de certaines dépenses de production effectuées en France. Si le cinéaste tourne en Hongrie, il bénéficiera donc d'une ristourne fiscale de 35% sur son investissement. S'il tourne en France en revanche, en l'état actuel de la loi, il n'aura rien. Luc Besson a donc demandé un geste à la ministre de la Culture Fleur Pellerin, à défaut duquel il ne tournera pas son film dans l'Hexagone.
"La loi est très bonne". Pascal Thomas voit dans le marché de Luc Besson rien d'autre qu'"une manœuvre". Pour lui, le producteur surfe sur "le vide juridique" existant. Pour Pascal Thomas, la question n'a rien de compliqué. "Est-ce que les Américains tournent leur films en français, en italien ou en espagnol ?" interroge-t-il avant de répondre par la négative. Pour lui, "avec les technologies d'aujourd'hui qui transforment tout et créent l'illusion complète", Luc Besson pourrait tout à fait tourner son film en français. "C'est très clair, pour que les films (français, ndlr) se tournent en France, ils doivent être tournés en français. Et on attire les étrangers qui peuvent tourner dans leur langue et qui bénéficient de ce crédit d'impôts avec cette loi-là, elle est très bonne !", résume le réalisateur.
Fleur Pellerin en prend pour son grade. Au passage, Pascal Thomas n'a pas manqué d'égratigner Fleur Pellerin, qui, selon lui "ne dit que des bêtises". La ministre a affirmé mardi qu'elle "ne faisait pas de réglementation ou de législation pour des cas particuliers", en réponse à Luc Besson. "Moi je n'adapte pas les dispositifs pour les cas précis, a dit la ministre de la Culture interrogée sur RTL, mais je crée un cadre pour rendre attractif le territoire pour les films français".