Philippe Vilain : "En amour, on ment toujours"
Le romancier Philippe Vilain a évoqué son livre "La fille à la voiture rouge" au micro d'Europe 1. Une histoire d'amour, empruntée à la réalité, qui débute par un mensonge de six mois.
"Pour aimer, il faut qu'il y ait une épreuve, un obstacle à surmonter." Dans La fille à la voiture rouge de Philippe Vilain, l'obstacle c'est une vingtaine d'années, 19 pour être précis. Un écart qui ne va pas empêcher les deux protagonistes de ce roman de s'aimer. Mais surtout, "c'est une histoire qui m'est réellement arrivée", confie l'auteur, invité de l'émission La voix est livre sur Europe 1 samedi.
"Il y a quelques années, j’ai rencontré une jeune fille de 20 ans qui disait être la fille d’un diplomate américain, rouler dans une voiture rouge et fréquenter la jeunesse dorée parisienne", se souvient Philippe Vilain. Et leur rencontre, à la bibliothèque de la Sorbonne, tient à peu de choses.
"Quelque chose de fantastique dans la rencontre amoureuse." "Etant donné qu’il y avait une différence d’âge importante, j’étais un peu gêné de l’aborder, raconte-t-il. Marchant derrière elle, je me suis dit que si elle me tenait la porte, ça voulait dire qu’elle m’avait vu donc c’était presque un consentement. Elle m’a tenu la porte et je l’ai abordée. (...) Il y a quelque chose de fantastique dans la rencontre amoureuse, résume-t-il. On se dit que ça se joue à peu."
Mais Philippe Vilain n'a pas tout dit. Suite à un accident de voiture, "elle a conservé comme séquelle un hématome extra-dural sous le crâne, qui est inopérable" à cause duquel "elle peut mourir à tout moment" : "Elle entre dans ma vie en condamnée."
Mais au bout de six mois, la relation bascule. Il s'agit en réalité d'une supercherie. La jeune femme, appelée Emma Parker dans le roman, a tout inventé. "Les six premiers mois sont importants dans une relation parce que c'est là où la passion se cristallise. (...) Moi qui m'étais toujours représenté cette jeune fille comme une fille qui allait mourir, tout à coup elle était incroyablement et miraculeusement vivante. C'était formidable pour moi !", confie Philippe Vilain. A ce moment-là, plus que la colère, c'est le soulagement qui prédomine chez l'auteur : "Tout à coup, l'avenir s'offrait à nous."
"C'est fascinant la mythomanie." Mais, comme il le souligne, "on ne ment pas par hasard sur une durée aussi longue". "C'est fascinant la mythomanie, le grand menteur est fascinant", estime-t-il. Et le mensonge fait partie des relations amoureuses selon lui : "En amour, on ment toujours. (...) Mais dans mon roman, on est dans la pathologie, la mythomanie. Il y a quelque chose de fascinant chez le mythomane."
Dans ce cas précis, "c'était une façon pour elle d'entrer dans l'univers d'un romancier" : "Elle est entrée dans une sorte de concurrence de fiction avec moi." La réalité a donc dépassé la fiction.