L'un campe un acteur à la carrière médiocre, l'autre joue un dramaturge raté. Sur les planches du Théâtre des Nouveautés, Pierre Arditi et Michel Leeb sont deux amis en fâcheuse posture dans Le Compromis. Ils étaient tous deux les invités d'Il n'y a pas qu'une vie dans la vie samedi pour évoquer cette pièce qui sonde les ressorts de l'amitié.
Le ton vire à l'aigre. Il y a deux ans et demi, Michel Leeb reçoit la pièce de Philippe Claudel. "La première personne que j’ai vue dans le rôle de Denis, c’est Monsieur Pierre Arditi", glisse l'humoriste. Grand habitué du théâtre, Pierre Arditi propose ensuite la mise en scène à Bernard Murat. Une fois le casting trouvé, les deux acteurs commencent à travailler leur sujet : l'action se déroule entre les deux tours de l’élection présidentielle de mai 1981. L'un des amis vend son appartement et demande à l'autre d'être présent pour la signature du compromis de vente. Sauf qu'en attendant l’acheteur - joué par Stéphane Pezerat -, le ton vire à l’aigre entre les deux copains.
"Encore plus complexe que l'amour". De taquineries en moqueries, ils vont se dire frontalement ce qu’ils n’ont pas osé se dire pendant 34 ans. L'amitié est "parfois encore plus complexe que l’amour. L’amour, quand ça se casse, c’est assez clair, tandis que l’amitié, ça passe par des compromis multiples et variés. La vraie amitié se nourrit de compromis qui ne sont pas des reniements ni des trahisons, ce sont des preuves d’amour", estime Pierre Arditi.
"Je voudrais jouer 'L'Avare'". L'acteur se met également un instant dans la peau de son personnage et imagine ce qu'il aurait fait s'il n'avait pas réussi comme comédien : "Je crois, je ne peux pas le jurer, que je me serais tourné vers autre chose. Mais en même temps, c’est un métier qui est si prenant et si attachant. On en connaît des gens qui n’ont pas vraiment réussi et qui n’ont jamais réussi à raccrocher", glisse-t-il.
À 74 ans, il pense d'ailleurs ne pas avoir fait le tour du répertoire, tout en modérant ses envies. "Je fais encore pas mal de choses mais je suis fatigable. Ce métier, c’est toute ma vie, je l’aime, mais il y a mes enfants, ma femme, la vie tout court. (…) Je voudrais jouer L’Avare, Arpagon de Molière. Peut-être Le roi Lear", ajoute-t-il en précisant pourtant ne pas être un fan absolu de Shakespeare. "C’est un personnage qui a plus de 80 ans. Je n’y suis pas encore."