Quand il se présente, Pierre Deladonchamps dit ne pas ressembler "à grand-chose" : "1,78 m, les cheveux châtains, les yeux bleus". On a vu pire description, mais pour être plus complet, le comédien originaire de Nancy explique avoir déjà joué dans L'Inconnu du lac, Le fils de Jean et il interprétera bientôt le frère de Vanessa Paradis et Camille Cottin dans sa première comédie, Big Bang. Pour l'heure, il est l'affiche du nouveau film d'André Téchiné, Nos années folles, en salles le 13 septembre. Il était l'invité d'Un dimanche de cinéma pour présenter ce long-métrage.
De quel genre ? Le film est inspiré d'une histoire vraie. Pierre Deladonchamps joue Paul, un déserteur lors de la Première Guerre mondiale. Il se retrouve dans un petit appartement parisien et afin de sortir et vivre le plus normalement possible, sa compagne et lui ont l'idée de le faire passer pour une femme. Travesti, il devient Suzanne. Mais cette identité le place dans un engrenage : gracié à la Libération, l'homme a du mal à se détacher de son identité féminine. "C'est une histoire originale, surtout pour l'époque, et finalement assez d'actualité, parce que la question de genre revient souvent, les questions de la sexualité aussi. J'aimais surtout l'idée de savoir ce qu'était le courage à l'époque : faire la guerre et mourir comme de la chair à canon ou sauver sa peau ? Et pour oublier la guerre, renaître sous les traits d'une femme, je trouve que c'est assez fascinant."
"Faire des films, c'est aussi faire de la politique". Comme pour L'Inconnu du lac où il jouait un homosexuel en plein débat sur le mariage pour tous, l'acteur est touché par les questions sociétales. "J'ai entendu des choses abjectes jusque dans l'Assemblée nationale. Pour la population concernée, c'est très violent. On oublie parfois que quand on parle, il y a des gens qui écoutent. Il n'y a pas que des gens qui ont un avis, il y a des gens qui vivent ça. Je n'hésite pas à donner mon point de vue, car faire des films, c'est aussi faire de la politique, indirectement."
"Summum de la transformation". Au-delà de tout débat, jouer une femme pour un homme est "le summum de la transformation", juge-t-il. "Suzanne en l’occurrence est une créature qui lui échappe, qui échappe à sa femme. C'est une manière de ne plus du tout revenir dans la peau de celui qu'il était quand il faisait la guerre." Suzanne incarne aussi le plaisir, la débauche. L'écueil aurait été de tomber dans un personnage de grande folle. "On a orienté le travail de ce personnage dans la contre-performance, pour ne pas en faire quelque chose de trop fou ou caricatural."
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