Le salon du livre se tient à Paris depuis vendredi jusqu'à dimanche soir. Des livres partout, mais aussi… des livres audio ! En Allemagne et aux Etats-Unis, c’est un succès depuis longtemps. En France, on a mis plus de temps à accrocher. Mais ça y est, le livre audio a le vent en poupe.
L'un des secteurs de l'édition à la plus forte croissance. Avant, quand on pensait livre audio, on pensait livre pour enfants ou pour déficients visuels. Ce n’est plus du tout le cas. C’est même l’un des secteurs de l’édition à la plus forte croissance : + 38 % en un an.
Cette année, 16% des Français ont écouté un livre audio. C’est énorme, parce qu’en France, on partait de loin : si vous cherchiez un bon vieux classique, un Sherlock Holmes ou un Jules Verne, par exemple, vous tombiez sur un vieux vinyle numérisé, au ton vieillot, avec un souffle derrière la voix. Aujourd’hui, ce sont des comédiens qui enregistrent dans des conditions idéales.
Des livres à écouter directement sur smartphone. Mais depuis trois ou quatre ans, les éditeurs ont en effet fait des efforts. Audiolib, par exemple, ou Ecouter/Lire chez Gallimard, ou Lizzie récemment lancé par Editis. Et puis Audible, les livres audio d’Amazon. Ils produisent et ils distribuent sur leur site et leur application. On n’est plus obligé d’écouter sur CD, on peut maintenant directement télécharger sur son téléphone. Et ça a tout changé, selon Constanze Stypula, directrice d’Audible en France.
"C'est vraiment grâce au smartphone que les Français prennent l'habitude", explique-t-elle. "Il y a plus d'offre, le catalogue croit de 33% chaque année. On est sur un catalogue total d'à peu près 10.000 références francophones. Ça semble petit mais c'est très qualitatif : tout ce qui existe en meilleures ventes en livres existe aussi en livre audio, et en top on a les productions originales".
Le Brexit en mode zombies. En dehors des livres lus - on prend un roman déjà publié et on demande à un comédien de le lire - il existe aussi des créations originales. Des séries sonores, qui sont écrites spécifiquement pour être écoutées. Ce qui signifie plusieurs comédiens, des effets sonores. Ça marche bien, comme "En ce moment, le vrai carton sur notre site, c'est une série sur le Brexit en mode zombis : l'Angleterre est le dernier pays à ne pas avoir subi une invasion de zombies, c'est très drôle", explique Constanze Stypula.
Il y a aussi des adaptations. C’est encore différent. Audiolib, par exemple, récemment, a adapté un album d’Astérix, une BD donc, en format audio. C’est assez bluffant. Tout ça, c’est de la radio, finalement.
Les hommes plus clients que les femmes. Contrairement aux livres papiers, ce sont les hommes qui écoutent plus que les femmes des livres audios : 57% d’hommes contre 43% de femmes. On écoute, grâce aux applis donc, en faisant son jogging, la vaisselle, ou en voiture pour 22% des utilisateurs. Et surtout, avant de dormir. Ils sont 39% à le faire.
Hermine, par exemple, est une grande consommatrice de livres audio. Elle fait même partie du jury audiolib. Elle en écoute depuis deux ans, tout le temps. En allant au travail, au sport, chez elle. Et pour cette auditrice avertie, la voix est essentielle. "On a l'impression qu'une voix nous accompagne tout le temps. Le fait qu'elle nous fasse voyager, qu'elle nous embarque, tout ça fait qu'on va avoir envie de reprendre l'écoute en court. Il y a des livres audio que je n'ai jamais terminé, parce que je n'accrochais pas du tout à la voix", confie-t-elle.
Le Comte de Monte Cristo, 50 heures d'écoute. Car il faut préciser qu'un livre audio, ça peut durer longtemps. Philippe Delerm, La Première gorgée de bière : petit livre, 90 pages, comptez 1h40 ; 12 euros. En revanche, Le Comte de Monte-Cristo : 1.500 pages à peu près, 30 euros, en 2 tomes : 50 heures d’écoute. Il faut prendre un peu le temps.