Gaël Faye et Kamel Daoud font partie des 16 prétendants au prix Goncourt 2024, lancé mardi par une première sélection qui, comme toujours, fait des ravis et des déçus. "Jacaranda" du Franco-Rwandais, aux éditions Grasset, et "Houris" de l'Algérien, aux éditions Gallimard, étaient parmi les titres les plus scrutés.
L'un est le deuxième roman d'un auteur connu pour le best-seller "Petit pays" en 2016, tandis que Kamel Daoud avait manqué de peu le Goncourt 2014 pour "Meursault, contre-enquête". D'autres noms étaient assez largement attendus. Maylis de Kerangal, qui revient au Havre avec "Jour de ressac" (Verticales), Philippe Jaenada, avec son enquête sur un suicide dans "La désinvolture est une bien belle chose" (Mialet-Barrault), ou encore Sandrine Collette, avec "Madelaine avant l'aube" (JC Lattès), sont des habitués des prix littéraires.
Le quotidien Le Parisien, dimanche, appelait carrément à attribuer le prix à cette dernière : "Notre Goncourt, c'est Sandrine Collette !" Le conseil ne sera pas forcément suivi, au terme d'une course longue, qui connaît son lot de rebondissements.
Le prix sera décerné le 4 novembre, au restaurant Drouant à Paris
Le plus prestigieux des prix littéraires français doit être décerné le 4 novembre, au restaurant Drouant à Paris, comme le veut la tradition. Avant cela, une deuxième sélection de huit titres est prévue le 1er octobre, puis le nom des quatre finalistes sera révélé le 22 octobre. Parmi les premières surprises, un livre qui ne ressemble pas à un roman, celui de Thomas Clerc, vaste déambulation dans le nord de Paris : "Paris musée du XXIe siècle : le dix-huitième arrondissement" (Minuit).
Mais aussi l'arrivée dans la liste d'un ancien auteur de romans policiers, Olivier Norek, qui raconte dans "Les Guerriers de l'hiver" (chez Michel Lafon) la guerre russo-finlandaise de 1939-1940. Pour cet éditeur d'habitude peu considéré par ce jury, c'est une petite victoire. "Grande joie", ont aussi écrit sur X les éditions de l'Olivier : elles publient "Archipels" d'Hélène Gaudy, livre retenu parmi les 16.
La présence d'Emmanuelle Lambert, avec "Aucun respect" (Stock), de Rebecca Lighieri, avec "Le Club des enfants perdus" (POL), de Carole Martinez, avec "Dors ton sommeil de brute" (Gallimard), ou de Thibault de Montaigu, avec "Cœur" (Albin Michel), confirme le bien qu'en ont pensé les critiques littéraires.
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"Je vais essayer d'être un président démocrate"
Jean-Noël Orengo, dont "Vous êtes l'amour malheureux du Führer" (Grasset) raconte l'architecte Albert Speer, et Étienne Kern, qui dans "La Vie meilleure" (Gallimard) évoque l'inventeur de la méthode Coué, Émile, sont dans la veine, abondante aujourd'hui, du roman centré sur un personnage historique. Enfin, le Maroc est le lieu de deux fictions de la sélection : plus précisément Marrakech dans "Tout le bruit du Guéliz" de Ruben Barrouk (Albin Michel), et Salé dans "Le Bastion des larmes" (Julliard).
Le Goncourt 2024 garde les dix mêmes jurés qu'en 2023, mais a changé de président. Philippe Claudel a été élu à ce poste en mai, succédant à Didier Decoin, tandis que Camille Laurens est devenue secrétaire générale. "Je vais essayer d'être un président démocrate", a affirmé Philippe Claudel. Une mission importante lui échoit : éviter le blocage des Goncourt 2022 et 2023, où le prix s'était décidé au bout du dernier des 14 tours prévus.
En juin, l'Académie Goncourt a repoussé de cinq ans son âge limite, à 85 ans, pour permettre à tous ses membres de rester jurés. Sur les 16 titres sélectionnés, 14 sont également en lice pour le prix Goncourt des lycéens, décerné le 28 novembre. Gaël Faye et Carole Martinez ont en effet déjà gagné ce prix. Le prix Goncourt des détenus, remis le 17 décembre, se jouera entre les 16 romans.