Goncourt, Académie française, Renaudot, en automne, c'est la saison des prix littéraires. Le Fémina ouvre les festivités dès le 25 octobre, avant que le prix Interallié ne close la valse des distinctions le 8 novembre.
Petit historique des prix littéraires. C'est le prix Goncourt qui est le plus ancien et c'est notamment pour cette raison qu'il est considéré comme le plus prestigieux. La première distinction de ce jury fut décernée en décembre 1903. Tout au long du 20ème siècle, d'autres prix sont ensuite venus s'ajouter à celui fondé par le testament d'Edmond de Goncourt : le prix Fémina (1904), le Grand prix du roman de l'Académie française (1915), le prix Renaudot (1926), le prix Interallié (1930) ou encore le prix Médicis (1958).
Comment sont décernés les prix ? C'est à chaque fois un jury, composé de personnalités littéraires diverses, qui désigne l'heureux lauréat. La remise se fait en plusieurs temps. En septembre, une première sélection de romans est rendue publique, puis une seconde début octobre et enfin une dernière, fin octobre. Les livres distingués sont ceux publiés lors de la rentrée littéraire, en septembre, à de rares exceptions près. Puis, entre fin octobre et début novembre, chaque jury remet son prix littéraire. Les remises les plus prestigieuses - le Goncourt et le Renaudot - ont lieu le même jour. Cette année, ce sera le 3 novembre.
La domination "Galligrasseuil". Derrière ce néologisme se cache trois maisons d'éditions : Gallimard, Grasset et les éditions du Seuil. Pourquoi ? A eux trois, le trio a par exemple raflé les deux tiers des prix Goncourt, et édité trois quarts des jurés. Cette archi-domination, parfois dénoncée, est aussi présente dans d'autres prix. En 2014, LeMonde.fr publiait ainsi une infographie qui parlait d'elle-même. Depuis 1903 - pour les prix Goncourt, Goncourt des lycéens, Renaudot, Médicis, Interallié, Femina, Elle, France Inter et Décembre - les trois maisons d'édition ont remporté 336 distinctions sur les 574 distribuées (58%).
Une distinction qui dope les ventes. Si les remises des prix littéraires sont autant scrutées chaque année, c'est parce que les romans primés deviennent alors très vendus. Sur les dernières années, les ventes ont été multipliées en moyenne par 4,6 après les annonces, comme le montre l'infographie ci-dessous.
Infographie Gabriel Vedrenne @Europe1
Pour l'éditeur et l'auteur, l'enjeu est donc considérable. Au-delà d'une reconnaissance par ses pairs, c'est un coup de projecteur et une rentrée d'argent supplémentaire. Sur un ouvrage, un auteur touche entre 8% et 12% du prix de vente final.
Des anecdotes légendaires. Comme toute histoire, celle des récompenses littéraires compte son lot d'anecdotes. Le Goncourt, a lui seul, a fait couler beaucoup d'encre. Il y a d'abord ceux qui n'ont pas reçu la prestigieuse distinction alors qu'ils ont marqué la littérature française. Guillaume Apollinaire, Colette, Françoise Sagan mais surtout, Louis-Ferdinand Céline. En 1932, l'écrivain français publie Voyage au bout de la nuit, considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature française aujourd'hui. Cette année-là, le romancier s'incline pourtant face à Guy Mazéline pour son livre Les Loups, mais recevra tout de même le prix Renaudot.
Autre anecdote, plus amusante, la petite cachotterie de Romain Gary. Il est normalement impossible de recevoir deux fois le Goncourt, pourtant, ce fut le cas de l'écrivain français en 1956 pour Les racines du ciel, puis en 1975 pour La vie devant soi. L'auteur avait en fait publié le second roman sous le pseudonyme d'Émile Ajar. La supercherie sera découverte à la mort de l'auteur, en 1980.
Remise des prix 2016.
Fémina : 25 octobre
Académie française : 27 octobre
Médicis : 2 novembre
Goncourt : 3 novembre
Renaudot : 3 novembre
Décembre : 7 novembre
Interallié : 8 novembre