Lyon, 1961. Émile a douze ans. Son père est un héros : il raconte qu’il a été champion de judo, parachutiste, footballeur, espion et même conseiller particulier du Général de Gaulle. Maintenant, il veut sauver l’Algérie française ! Fasciné et fier, Émile est prêt à suivre son père dans les missions les plus dangereuses et s’en acquitte avec le plus grand sérieux. Mais si tout ce que raconte le père de ses exploits était faux ? Et si toute cette aventure allait trop loin pour un enfant ? Ce sont ces thèmes qu'aborde Profession du Père, en salles mercredi.
>>> L’adaptation du roman de Sorj Chalandon
Le film est l’adaptation du roman de Sorj Chalandon publié en 2015 chez Grasset, un auteur que Jean-Pierre Améris, réalisateur du film, apprécie particulièrement. "Depuis Le Quatrième mur, j’ai lu tous les romans de Sorj Chalandon à leur sortie" explique-t-il. "J’aime chez lui ce thème récurrent de la mystification, que l’on retrouve par exemple dans Mon Traître : des personnages qui se font avoir par un autre qui leur raconte des fictions auxquelles ils croient dur comme fer, et cette douleur qui est celle de découvrir que l’on a été berné, que tout était faux. Lorsque j’ai lu Profession du père, j‘ai trouvé que c’était une clé de son œuvre puisqu’on y découvrait l’enfance de l’auteur. On y comprenait que le personnage originel, c’était le père. Un grand mythomane, le premier à raconter des histoires."
>>> Un projet très personnel pour le réalisateur
Le roman a une résonnance toute particulière avec l’enfance de Jean-Pierre Améris. "Il y a en effet quelque chose de très intime dans ce projet", confie-t-il. "Ce livre-là a fait remonter beaucoup d’éléments très personnels. J’ai retrouvé dans son roman toute l’ambiance familiale, les peurs, les tensions de ma propre enfance. Mon père n’était pas mythomane mais en revanche – et je le dis avec beaucoup d’affection car le film est tout sauf un règlement de compte – il était ce que l’on appelle un tyran domestique. Enfant, je me souviens de ma peur parce que les conflits étaient nombreux. Et tout cela est remonté à la surface en travaillant sur l’adaptation. La générosité avec laquelle Sorj m’a laissé libre dans mon travail m’a permis de faire un film proche de mes souvenirs, avec la possibilité de recréer tout cela. Sans tomber dans le piège de l’accusation mais pour faire revivre cette vie de famille un peu particulière du point de vue de l’enfant", précise le réalisateur.
>>> La troisième collaboration de Benoît Poelvoorde et Jean-Pierre Améris
Après Les émotifs anonymes en 2010 et Une famille à louer en 2015 avec Virginie Efira, c’est la troisième fois que Jean-Pierre Améris fait appel à Benoît Poelvoorde. "Dès l'écriture, j'ai pensé à lui et je crois que ma toute première indication pour jouer ce rôle était que l’on devait penser à Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Des grands fous qui n’avaient pas peur d’être dans l’excès, d’endosser les travers humains" explique le réalisateur. "En effet il y a une crainte aujourd’hui à jouer un type raciste qui humilie sa femme et tape sur son fils. Mais si les acteurs ne sont pas là pour incarner les noirceurs humaines, tout s’effondre. Et il faut le faire sans clin d’œil ni distance. Il faut tout endosser. Et Benoît le fait très bien. Parce que c’est cela aussi notre humanité. Et Benoît, sans le sauver, le rend humain. Et c’est une joie de le filmer. Je l’aime, je l’admire et je me sens proche de lui. Il a encore réussi à m’épater."
"Profession du Père" est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1.