C'est l'histoire d'une "admiration pas réciproque" loin de déranger celui n'est pas admiré. Sur Europe 1, samedi, Édouard Baer a évoqué le personnage de Gérard Depardieu, l'un de ses modèles et celui qu'Isabelle Nanty qualifie de "grand tout", en raison de sa polyvalence légendaire. Un "génie", en somme, à qui l'auteur des Élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce rend un vibrant hommage au micro de Michel Denisot. Pour lui, Gérard Depardieu est "plus qu'une icône" : "C'est le plus merveilleux, c'est la plus sombre ordure, c'est un enfant…"
Un génie pas mérité ?
Pour illustrer la fascination que Gérard Depardieu exerce sur lui, Édouard Baer prend l'exemple de Wolfgang Amadeus Mozart. "Dans Amadeus, le film, il y a un personnage qui est Antonio Salieri, l'autre grand compositeur à l'époque de Wolfgang Amadeus Mozart qui, lui, est très catholique. Il respecte toutes les règles sociales, les règles religieuses… Mais il est juste Salieri. Et puis arrive Mozart, qui est une sorte de jeune mec qui se fout de tout, qui soulève les jupes des filles. Mais c'est Mozart. Antonio Salieri invoque Dieu, et lui dit 'c'est pas possible, Dieu ! Moi, j'ai tout fait, j'ai sacrifié ma vie et tu as donné le génie à l'autre, ce n'est pas possible !'", illustre Édouard Baer à propos de cette œuvre dans laquelle la rivalité entre les deux compositeurs a été exagérée.
" Ça, c'est un thème, aussi. Le fameux : pourquoi lui et pas moi ? "
Et l'artiste de transposer cette configuration à l'incontournable "Gégé" : "Je pense qu'il y a quelqu'un qui pourrait être comme ça avec Depardieu", personnage exubérant au possible. "'Mais ce n'est pas lui, mais non ! Mais moi, j'apprends mes textes ! Moi, je travaille tous les jours ! Moi, je fais du sport ! Moi, je suis gentil ! Pourquoi c'est Depardieu qui a le génie ?' Ça, c'est un thème, aussi. Le fameux : pourquoi lui et pas moi ?", déroule Édouard Baer, comme subjugué par le talent inné de Gérard Depardieu.
Depardieu, binôme redouté de Baer au théâtre
Comparé à l'un des plus grands compositeurs de l'histoire, Gérard Depardieu l'est aussi à une icône absolue de la littérature française : Marcel Proust. Tout part d'un penchant familial pour l'écriture. "Mon père aurait aimé être écrivain", relate Édouard Baer. "Et puis, il n'a pas osé parce qu'il se faisait une trop haute idée de la littérature. C'est ce qu'on m'a dit aussi. 'Si tu étais Proust, ça se saurait'. Donc, à partir de là, si on n'est pas Proust, on ne fait rien ! C'est comme si je suis dans un cours de théâtre et que l'autre élève, c'est Gérard Depardieu. Et bien j'arrête le théâtre, au fond, parce que je ne serai jamais Gérard Depardieu."