L’acteur Jean-Louis Trintignant est mort, vendredi 17 juin, à l’âge de 91 ans. Il était atteint d’un cancer depuis septembre 2017. Comédien au plus de 130 rôles sur les planches et grand écran, Jean-Louis Trintignant était une immense figure du cinéma et du théâtre.
Trintignant et les actrices
Même si depuis 2002 il avait délaissé presque totalement le cinéma - "un art de la conserve" selon lui - pour lui préférer le théâtre, c’est bien avec le septième art que Jean-Louis Trintignant se fait connaître. En 1956, il explose sur grand écran en même temps qu’une autre actrice qui deviendra culte, Brigitte Bardot, dans "Et dieu… créa la femme" de Roger Vadim. Les courbes de BB et son jeu sensuel éblouissent la planète. Trintignant, 26 ans, impressionne également. Deux destins liés à l’écran qui le seront également dans la vraie vie, le temps d’une liaison, qui fera les choux gras de la presse people. En 1956, l’actrice était mariée au réalisateur Roger Vadim.
Lorsqu’on regarde les plus grands rôles de Jean-Louis Trintignant, force est de constater qu’une grande actrice n’est jamais très loin. En 1966, son retour au premier plan se fait avec "Un homme et une femme" de Claude Lelouch, où il joue aux côtés d’Anouk Aimée.
Trois ans plus tard, il incarne Jean-Louis, un ingénieur, et donne la réplique à Françoise Fabian dans "Ma nuit chez Maud" (1969), qui deviendra un classique du septième art français. Il croise aussi la route de Romy Schneider, pour "Le Combat dans l'île" d'Alain Cavalier (1962), qu’il retrouve onze ans plus tard dans "Le train", puis dans "Le mouton enragé" (1974) et "La banquière" (1980).
En 1982, il partage l’affiche avec une actrice, encore jeune, qui sera consacrée comme la plus talentueuse de sa génération dans "Vivement dimanche !" de François Truffaut : Fanny Ardant. Pour "Amour" en 2012, il crève l’écran avec Emmanuelle Riva, en formant ce couple dont la femme est atteinte d’Alzheimer.
Marie, une perte indicible
Une autre actrice a également joué un grand rôle dans sa vie : sa fille, Marie Trintignant. En 2003, ils avaient notamment joué ensemble dans Janis et John, de Samuel Benchetrit, juste avant que la comédienne ne meurt sous les coups de son compagnon de l’époque, Bertrand Cantat. Une perte qui a marqué de manière irrévocable Jean-Louis Trintignant. "J’aurais pu arrêter ma vie à ce moment-là", a-t-il souvent répété.
Dans une interview, accordée à Catherine Ceylac, en 2008, le comédien confiait à quel point Marie Trintignant avait occupé un rôle important dans sa vie. Plus que sa fille, "Marie était ma meilleure amie", expliquait-il. Depuis cette année 2003, Jean-Louis Trintignant n’a plus jamais été vraiment le même.
Il suffit de se pencher sur ses différentes interviews, pour se rendre compte à quel point ce drame le plongeait dans un abattement profond par moment, même s’il trouvait toujours une éclaircie au milieu des nuages. "Il n’empêche que j’ai gardé un enthousiasme qui me surprend moi-même. J’ai des exaltations, des émerveillements que je n’aurais peut-être pas le droit d’avoir : je crois que c’est la vie et la nature qui est plus forte que nous", confiait-il en 2009 dans un documentaire qui lui était consacré.
En 2012, lorsqu’il était venu recevoir la Palme d’or du Festival de Cannes pour "Amour", avec Emmanuelle Riva et Michael Haneke, il avait cité Jacques Prévert : "Et si on essayait d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple". Un poème en forme de conseil pour lui-même, comme pour se donner du courage pour les années qui lui restait à vivre.