Aujourd'hui plébiscité pour son son humour noir et son cynisme, Gaspard Proust a pourtant eu du mal à imposer sa patte. Quand il a décidé de quitter son travail dans une banque en Suisse pour devenir comédien à Paris, l'humoriste n'a pas tout de suite réussi à trouver son public et convaincre les producteurs.
Des débuts difficiles en chanson
À ses débuts, Gaspard Proust écrivait même des petites chansons. "Au départ, le spectacle était une moitié de chanson et le reste était du texte. Je me disais que c'était impossible de tenir une heure sur scène juste en racontant quelque chose. Je me disais que ça n'avait pas de se sens", confie-t-il au micro d'Isabelle Morizet dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. "Je faisais des petites chansons. Les gens étaient un peu désarçonnés et j'avais des mauvaises critiques".
"Sois plus sympathique, les gens auront envie de partir en vacances avec toi"
L'humoriste a dû s'armer de patience avant de rencontrer le succès. "Les gens pensent qu'on saute du train une nuit, puis boum, on réussit. Mais ça ne se passe pas comme ça. C'est un travail, c'est un chemin, c'est chiant, c'est difficile. En tout cas, pour moi, ça a été comme ça", se souvient-il. Gaspard Proust a finalement définitivement écarté les chansons pour ne garder que ses textes, dont la noirceur et l'ironie n'ont pas été tout de suite comprises… "Il y a des gens qui ont compris, qui étaient intelligents, comme Ruquier. Et puis, il y en a d'autres qui m'ont expliqué dès le départ qu'il fallait plus sourire", explique Gaspard Proust sur Europe 1 qui se souvient d'un producteur en particulier.
"Un grand producteur parisien m'a dit 'Tu sais, il faut que tu installes une connivence avec le public, que tu sois plus sympathique, comme ça, les gens auront envie de partir en vacances avec toi'", raconte l'humoriste. "Je dis 'Bon, on s'est mal compris. Si c'est ça la récompense de ce métier, je crois que je vais retourner à la banque'", ironise-t-il.
La volonté de "tout dire"
Gaspard Proust est donc resté fidèle à son style décalé et irrévérencieux. "Je ne comprends pas très bien où est le problème, que ce soit dans l'écriture, dans la création artistique ou sur une scène, de dire tout. Si ce sont des mots, des phrases, c'est un cadre qui est fait pour ça. Si on commence à s'empêcher là, à ce moment-là, il faut arrêter de parler de liberté", souligne le comédien qui préfère de loin être le "connard de droite" que le "gentil de gauche". "Et puis, il faut être honnête, il y avait plus de place disponible à droite, comme c'est bizarre", ajoute-t-il avec humour.
Le comédien veut à tout prix s'éloigner de la "banalité". Car, quel est l'intérêt de monter sur scène pour dire "la faim dans le monde, ce n'est pas bien" ? "Je suis d'accord évidemment, mais si vous arrachez des applaudissements là-dessus, pour moi, c'est la banalité des banalités".