Vendredi matin, le directeur artistique de la maison Balmain, Olivier Rousteing, présentera sa nouvelle collection de prêt-à-porter femmes automne-hiver 2020-2021 lors de la Fashion Week parisienne. Le soir, Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X, le documentaire d'Anissa Bonnefont sera en compétition aux César. Le film retrace le long chemin entrepris par le jeune créateur de 33 ans pour retrouver ses parents biologiques. Olivier Rousteing confie sur Europe 1 lundi que "rencontrer [s]es parents biologiques [l]e hante".
"Grâce à la caméra, j'ai signé un pacte pour ne pas abandonner ma recherche"
Le créateur se fait rare en interview. S'il partage volontiers son travail et des moments de sa vie sur son compte Instagram suivi par près de six millions de personnes, Olivier Rousteing ne s'est jamais autant dévoilé que dans le documentaire réalisé par Anissa Bonnefont. Ce petit génie de la mode, nommé directeur artistique de Balmain à 25 ans, a accepté qu'une caméra le filme dans un moment crucial. À 16 ans, il avait déjà commencé les recherches pour retrouver ses parents biologiques et découvert qu'il portait un autre nom, une première étape qu'il qualifie de "vraiment dure".
Lorsqu'Anissa Bonnefont lui propose de réaliser ce documentaire, il confie ses craintes. "Je lui ai dit que j'en étais pas capable, que j'avais peur." "Et puis, normalement, un designer a un documentaire quand il est en train de mourir ou qu'il est en fin de carrière", ironise-t-il. Finalement, il accepte et le documentaire l'aide même à aller jusqu'au bout. "Grâce à la caméra, j'ai signé un pacte pour ne pas abandonner ma recherche", estime le créateur.
On aurait pu imaginer qu'Olivier Rousteing use de sa renommée et de ses contacts pour faciliter ses recherches mais il n'en est rien. Le créateur passe des coups de fils à l'administration, et attend les réponses, comme tout le monde. "J'y tenais car on mettait une tierce personne dans l'histoire, qui était ma mère biologique. Et je ne voulais pas faire pression par rapport à mon statut. J'ai voulu respecter la loi, les codes", explique-t-il.
"Elle m'a abandonné une fois donc maintenant, elle peut essayer de me retrouver"
À la fin du documentaire, le spectateur peut voir Olivier Rousteing écrire une lettre à sa mère biologique. Une lettre qu'il ne lui a jamais envoyée. "Au-delà de la lettre, du documentaire, je fais beaucoup de choses pour me faire entendre et je me dis que maintenant, c'est à elle de me reconnaître. Elle m'a abandonné une fois donc maintenant, elle peut essayer de me retrouver", souligne-t-il.
Quant à ses parents adoptifs, ils apparaissent dans le documentaire, tout comme ses grands-parents. Lui qui parle couramment l'anglais, le français, l'italien et l'allemand, a toujours voulu être le premier partout, pour leur prouver qu'ils avaient fait le bon choix. "Quand on est un enfant adopté, on n'est pas sûr de soi. On a peur d'être le mauvais choix, ou du moins, pas le bon. Pour prouver qu'on l'est, il faut toujours être le meilleur", explique-t-il. "Mon père voulait que je fasse du foot, j'en ai fait pendant onze ans. Et il fallait que je sois très très bon, il ne fallait pas que je sois sur la touche. Et c'était pareil à l'école", note le créateur.
Sa famille adoptive ne réalise pas complètement l'ampleur de la renommée, ni la stature d'Olivier Rousteing dans le monde de la mode, ce qu'il confie apprécier. "Quand je leur dis que j'ai fait un défilé, que j'étais avec Beyoncé, ils n'en ont rien à foutre, ils me demandent plutôt pourquoi je ne rentre pas à Bordeaux avec mes pantoufles pour manger devant la cheminée avec eux", plaisante-t-il. "À Noël, mon grand-père avait les larmes aux yeux, il m'a dit : 'Je suis tellement fier de ce que tu fais mais finalement, si on pouvait choisir, un Olivier qui aurait moins de travail et qui serait avec nous tout le temps, on préférerait'. En fait, ils ne se rendent pas compte, mais c'est ce que j'aime chez eux", confie Olivier Rousteing.