Après de longs mois d'attente, les théâtres entrevoient enfin le bout du tunnel. Toujours fermés à cause des restrictions mises en place contre l'épidémie de coronavirus, ces lieux de culture, tout comme les musées et cinémas, vont pouvoir rouvrir leurs portes à partir du 19 mai, selon le calendrier prévu par Emmanuel Macron et son gouvernement. Mais s'ils se réjouissent évidemment de cette perspective, les acteurs du secteur restent prudents.
"Nous sommes prêts", assure Robin Renucci, acteur et metteur en scène, président de l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN). "Je suis plutôt rassuré mais aussi un peu inquiet pour les prochaines semaines à venir", confie-t-il au micro d'Europe 1. Rassuré, précise-t-il, "car malgré le contexte sanitaire qui reste problématique, nous avons enfin les perspectives de réouverture que nous attendions tous". Et d'ajouter : "Il était grand temps que le président de la République mette en place la feuille de route sur laquelle nos organisations ont travaillé (...) et plus qu'urgent de renouer le contact avec tous les publics et surtout la jeunesse".
"On ne peut pas rouvrir un théâtre du jour au lendemain"
Mais, dit-il encore, "nous sommes inquiets car l'incertitude gagne du terrain quant aux bonnes conditions de redémarrage de notre activité". Une crainte que partage Jacqueline Franjoux, directrice du festival de Ramatuelle. "On ne peut pas rouvrir un théâtre du jour au lendemain. Il faut un certain temps", rappelle-t-elle.
"Nous sommes prêts", dit de son côté Christelle Chollet, comédienne et directrice du théâtre de la Tour Eiffel à Paris. Mais comme les autres invités d'Europe 1, elle ne s'attend pas à une reprise spectaculaire. "Tant que le couvre-feu est de rigueur, on ne peut pas envisager la réouverture", estime-t-elle, d'autant plus que "les terrasses vont rouvrir et les gens auront pas envie d'aller au théâtre".
Rappelant que ces derniers mois, d'autres annonces avaient laissé espérer une réouverture, "à chaque fois, il y a eu derrière une grosse déception", souligne Christelle Chollet. "Donc on fait très attention".
Un contexte social tendu
Par ailleurs, au-delà de la crise sanitaire et de ses conséquences, le contexte social dans le milieu de la culture reste tendu, notamment en raison de la réforme de l'assurance-chômage. "Je crains que tout en dessinant cette perspective de réouverture, le gouvernement pourrait compromettre ces retrouvailles en alimentant la fracture sociale avec des projets de réformes incompréhensibles", indique Robin Renucci. "Dans le temps où il envisage une réouverture des lieux de culture, le président impose une réforme drastique", regrette-t-il.
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Et de conclure : "Il est difficile de comprendre une transformation brutale des droits sociaux dont nous savons qu'elle va engendrer une aggravation de la précarité".