Seconde guerre mondiale : 75 ans après, Yves Beigbeder est l'un des derniers témoins du procès de Nuremberg
Aujourd'hui âgé de 96 ans, le Français Yves Beigbeder avait 26 ans lorsqu'il s'est rendu à Nuremberg en 1946 pour assister au procès des criminels nazis. Il se souvient de la défense des principaux accusés, qui niaient toute responsabilité et se réfugiaient derrière le rôle d'Hitler.
Il est l'un des derniers témoins de ce procès qui a marqué l'histoire. A 26 ans, en 1946, Yves Beigbeder, tout juste licencié en droit, avait pu assister au procès de Nuremberg qui jugeait les criminels nazis. Aujourd'hui âgé de 96 ans, il n'a pris conscience que plus tard d'avoir pu être témoin d'un moment historique, qui marquait les premiers pas d'une justice internationale.
En 1946, Yves Beigbeder arrive donc à Nuremberg, cette ville bavaroise en ruine, pour accompagner son oncle Henri Donnedieu de Vabres, qui vient d'être désigné pour juger à Nuremberg les criminels nazis. Pendant six mois, il va servir d'assistant, rédiger des synthèses pour le juge, faire des résumés des débats. En assistant aux audiences, à quelques mètres de lui, dans le box, il voit Göring, le numéro deux du Reich, ainsi que Kaltenbrunner, le chef de la Gestapo. Ils sont là, en complet veston, sans uniforme, sans médailles. Il voit aussi l'ex-commandant du camp d'Auschwitz. Yves Beigbeder, se souvient d'un témoignage atroce, car le commandant décrivait le fonctionnement du camp dans le détail, mais sans émotion.
21 des principaux responsables du Troisième Reich poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité étaient présents, avec leurs écouteurs sur les oreilles pour entendre les débats dans les quatre langues officielles du procès. "Ils ont tous plaidé non-coupable", a plus tard raconté Yves Beigbeder à un journaliste de l'AFP. "Leur défense était de dire : 'Ce n'est pas moi, c'était Hitler'. 'Je ne suis pas coupable', ou 'Je ne savais pas'".
Invité d'honneur de Nuremberg en 2015
A l'époque, le jeune Yves Beigbeder n'avait pas conscience qu'il était en train de vivre un moment historique. Et d'ailleurs, à Paris, on trouvait alors ce procès trop long, et on se demandait à quoi il servait. Et avant même le verdict, il est parti aux Etats-Unis poursuivre ses études.
Aujourd'hui, avec le recul, il dit que pour l'époque, organiser un tribunal international était une bonne idée. En 2015, il a d'ailleurs été invité d'honneur de Nuremberg avec une poignée de survivants.