On ne l'arrête plus. Bilal Hassani dévoilait en avril 2019 son premier album, Kingdom, puis dès novembre 2020 son deuxième opus, Contre soirée. Fin mai 2021, il publie Lights off, un nouveau titre inédit qui semble annoncer un troisième album. Ce n'est pourtant pas des chansons en l'air qu'écrit ce bourreau de travail. Invité jeudi de l'émission d'Emilie Mazoyer Musique !, le chanteur dévoile un peu de ce qu'il cache derrière des mélodies hyper dansantes et des paroles brouillant les frontières des langues.
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"J'ai une vie particulière et une histoire particulière à raconter sous différents angles. J'ai envie de le faire en plusieurs langues, avec plusieurs styles, plusieurs manières de présenter, etc. Mes chansons ont toujours un message", détaille Bilal Hassani, qui explique avoir besoin d'être en permanence en train de travailler sur un projet.
"Le français est une langue tellement riche qu'on perd le mystère"
Mais l'auteur prolifique aime que ses messages soient dissimulés. "Je ne me considère pas comme un gourou ou un prophète qui inciterait les gens à avoir un certain mode de vie ou avoir les mêmes opinions que moi", prévient-il. "Mais je suis un messager. En tout cas, j'aime raconter des histoires, et des histoires que l'on ne comprend pas à la première écoute."
Bilal Hassani préfère laisser un mystère dans les histoires qu'il chante, afin que ses paroles résonnent avec la vie de chacun. "Tu peux réinterpréter toutes mes chansons un peu comme tu veux et les remettre à ta sauce pour toi pour qu'elles appartiennent à ton parcours personnel", estime-t-il. "Et je pense que c'est quelque chose qui est un peu difficile à faire en français, parce que c'est une langue tellement riche qu'on perd le mystère."
"Trouver le juste-milieu entre les textes intime et les mélodies dansantes"
Le chanteur n'aime d'ailleurs pas trop raconter en interview le sens de tel ou tel de ses titres. C'est notamment le cas concernant Lights off, son dernier single. "Cette chanson parle d'un sujet très dur et très lourd, d'une expérience qui m'est arrivée et que je n'aime pas du tout partager", précise-t-il, sans en dire plus. "Mais mes fans ont trouvé le véritable sens de cette chanson, et ont réussi à le retranscrire dans un texte où ils décrivent toutes les paroles et font leur interprétation."
C'est finalement le sens de son titre Basic, extrait de son premier album, que Bilal Hassani déflore. "C'est une chanson qui parle de la communauté LGBTQIA+ et de son combat, et d'à quel point c'est difficile de faire sa place dans une société homophobe, etc.", dévoile-t-il. "Mais ce que j'aime bien, c'est faire des chansons festives pour faire en sorte que les gens s'amusent. Il faut trouver le juste milieu entre les textes et les mélodies. En studio, c'est un vrai travail qui m'éclate."
"On ne sait pas tout ce que Basic raconte, parce qu'il y a pas mal d'anglais et beaucoup d'anglicismes", reconnaît le chanteur. Il faut dire que jongler avec les langues est pour lui une seconde nature. Et l'anglais a toujours fait partie de sa vie. "Mon papa s'est remarié quand j'avais trois ans avec une femme qui ne parlait qu'en anglais. Je l'ai aidée avec le français, et elle m'a appris l'anglais naturellement, parce qu'on s'adorait", sourit Bilal Hassani.
Le malais, l'arabe et le coréen
"Entre le foyer de mon papa et le foyer de ma maman, il y avait le français et l'anglais. Et il y avait aussi l'arabe et le malais, parce que ma belle-mère vient de Singapour et a un héritage de Malaisie", poursuit l'ancien représentant de la France à l'Eurovision. "Mon petit frère et ma petite sœur sont encore pires que moi, ils alternent sans arrêt entre les quatre langues !"
Et c'est par la musique que Bilal Hassani a encore élargi son univers linguistique. "Il y a aussi le coréen qui est une langue que j'adore, parce que la culture coréenne m'a très tôt fasciné", complète celui qui a appris un peu le coréen en phonétique, grâce à la K-pop dont il est fan depuis ses 11 ans.
Un détour par la Suède
Pas étonnant donc que Bilal Hassani ait voulu participer depuis tout jeune au concours international de l'Eurovision, où il a représenté la France en 2019. "Maintenant, j'ai des fans qui viennent de Roumanie, de Grèce, d'Allemagne et de partout", se réjouit-il, citant ceux qu'il appelle affectueusement les "international habibis", selon le surnom que ses fans se sont eux-mêmes choisi. "Je veux leur parler à eux aussi."
Ce lien entre musique et voyage devrait se retrouver dans le troisième album de Bilal Hassani, que la sortie de son single Lights off laisse entrevoir. Plusieurs titres de ce prochain disque ont en effet été créés en Suède, épicentre mondial de la création des tubes de pop.