Soufiane Zitouni : "le mot djihad en arabe signifie effort, et non pas guerre"

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S.B avec Raphaël Enthoven , modifié à
Invité de Raphaël Enthoven dans "Qui Vive" sur Europe 1, Soufiane Zitouni revient sur les difficultés rencontrées depuis la publication de ses deux tribunes dans Libération et sur sa vision de l'islam.  
INTERVIEW

Soufiane Zitouni, ce professeur de philosophie démissionnaire du lycée Averroès, établissement privé musulman sous contrat avec l’Etat situé à Lille, a retrouvé un poste "grâce à l'intervention de Najat Vallaud-Belkacem elle-même", a-t-il confié au micro d'Europe 1.

Invité de Raphaël Enthoven samedi dans "Qui Vive", le professeur de philosophie a sa propre explication à cela. "Apparemment, mes deux tribunes dans Libération, suivie de ma démission, ont effrayé quelque peu des chefs d'établissements catholiques du département du Nord et il a fallu que la ministre (de l'Education nationale, ndlr) intervienne elle-même pour que je puisse enfin avoir un poste au lycée à la rentrée, à Valenciennes".

Le 15 janvier dernier, Soufiane Zitouni publiait en effet dans le journal Libérationune tribune intitulée "Aujourd'hui, le prophète est aussi 'Charlie'", dans laquelle il s'efforçait de "témoigner de [son] vécu propre des événements tragiques de ces derniers jours, en tant que citoyen français d’abord, et de culture musulmane ensuite". Il s'y interrogeait notamment sur le manque d'humour de "beaucoup de musulmans" depuis l'attentat de Charlie Hebdo et concluait par ces mots :"Le prophète de l’islam, Mohamed, pleure avec nous toutes les victimes innocentes de la barbarie et de l’ignorance, et demande à Allah le pardon pour les nombreuses brebis égarées se réclamant de sa religion alors qu’elles n’ont toujours pas compris l’essentiel de son message.   

>>> Invité de Raphaël Enthoven dans "Qui Vive" sur Europe 1, Soufiane Zitouni est revenu sur les difficultés rencontrées depuis la publication de ses deux tribunes et sur sa vision de l'islam. 

Des musulmans atteints "d'idolâtrie inconsciente" ? "Je pense que beaucoup de musulmans sont, par rapport à leur prophète, dans une idolâtrie qui n'a rien à voir avec l'islam, car l'islam demande aux musulmans d'adorer Dieu – et non pas un prophète ", affirme Soufiane Zitouni, rappelant que certains de ses collègues ont arraché sa tribune affichée dans la salle des professeurs du lycée Averroès, criant au sacrilège. "(…) Je me dis qu'ils n'ont peut-être même pas lu le texte de ma tribune mais qu'ils ont focalisé sur son titre". Pour le philosophe, ce qu'il appelle une "idolâtrie inconsciente" touche aussi bien "de jeunes musulmans que des adultes".




Quel est le sens de djihad ? Soufiane Zitouni se réclame du soufisme, l'un des courants de l'islam. S'appuyant sur un hadith (parole prêtée au Prophète), le philosophe est ainsi revenu sur le vrai sens du terme "djihad", précisant qu'il a été galvaudé.

Soufiane Zitouni compare le "petit djihad", une guerre menée contre les ennemis de l’islam, avec le "grand djihad", intérieur cette fois. Pour lui, le vrai sens du terme "djihad" signifie en réalité "la lutte contre son propre ego, puisque prier Dieu, être dans cette méditation, c'est faire l'effort de tailler son ego, de purifier son ego", précise-t-il. Soufiane Zitouni confie d'ailleurs avoir "mal au cœur" quand il entend le mot "djihadiste" communément employé pour désigner des combattants de la guerre sainte. En réalité, "le mot djihad en arabe signifie effort, et non pas guerre", martèle-t-il. Le terme appelle même à faire un effort "contre soi, pour devenir un être humain meilleur au sein de la société et non pas un fou furieux qui assassine des innocents", conclut l'enseignant.