Patience, il arrive. Le très attendu Spectre débarque sur nos écrans le 11 novembre. Avec, pour la dernière fois, Daniel Craig dans le rôle de James Bond et Sam Mendes à la réalisation. Que va-t-on trouver dans cette 24e aventure de 007 ? Europe 1, qui a vu le film en avant-première, vous livre quelques clés.
Un film qui tient ses engagements. On vous passe les détails d'une intrigue tentaculaire. Sachez seulement que l'agent 007, en mission personnelle à Mexico, provoque la colère du nouveau responsable de la sécurité nationale à Londres. Ce dernier a bien l'intention de reprendre le contrôle mais… l'agent de Sa Majesté n'en fait qu'à sa tête. Aidé de ses fidèles, MoneyPenny et Q, Bond va tout faire pour détruire Spectre, une organisation criminelle dont il a suivi la piste, grâce à son infaillible instinct. Paysages grandioses, suspense, courses-poursuites, jolies femmes… Les fans de Skyfall seront peut être déçus (le passé du héros est une piste moins explorée) mais le film tient ses engagements.
Spectaculaire. La scène d'ouverture de Spectre place la barre très, très haut. Mexico. La fête des morts bat son plein et son lot de squelettes grimaçants s'avance comme un seul homme vers l'immense place de la Constitucion. De ce serpent cliquetant se détache un couple masqué qui marche à contre-courant. Travelling. Ils prennent à gauche, grimpent quelques marches, arrivent dans une chambre. Il enlève son masque, elle aussi. On croit qu'ils vont s'enlacer mais il l'arrête : "Où tu vas ? Je ne serai pas long". On rit. On reconnaît bien là James Bond, sa passion pour les femmes, bien sûr, mais aussi son sérieux dans les missions.
S'ensuivra une course-poursuite parmi la foule et une scène d'action mémorable à bord d'un hélicoptère en plein vol, avant le générique. Un sans-faute. Les deux heures et quart qui suivent, de fait, sont un peu en dessous.
Le casting. Daniel Craig incarne un nouveau James Bond depuis qu'il a repris le flambeau en 2005. Plus sombre, le visage fermé, l'acteur joue moins la carte du charme que celle du mystère. Si l'on accepte cette donnée de départ, on retrouve, surtout grâce aux dialogues et aux références, la répartie de 007 et sa classe en toute circonstance. Côté féminin, on est surpris de ne voir Monica Bellucci qu'une dizaine de minutes au début du film, dans la tenue endeuillée d'une James Bond Girl de passage. Difficile aussi au départ de se détacher du visage familier de Léa Seydoux, propulsée dans le rôle d'une beauté fatale du type 007 mais son jeu, naturel, enfantin, lui donne finalement une épaisseur inattendue. On est en revanche déçu par le méchant du film, pourtant incarné par un Christoph Waltz qui a su nous montrer toute sa férocité dans Inglourious Basterds. Après l'inquiétant Javier Bardem de Skyfall, les mimiques de Waltz et son chat blanc (clin d'œil au chauve Ernst Stavro Blofeld dans Au service secret de Sa Majesté) ne suffisent pas vraiment à le rendre démoniaque. Les seconds rôles, Naomie Harris, Ben Whishaw et Ralph Fiennes, sont eux irréprochables, dans tous les sens du terme.
Classique. Courses-poursuite, humour et glamour, Spectre s'inscrit dans la droite ligne de la tradition et multiplie les références, comme la scène du train qui fait écho à Bons Baisers de Russie, ou la montre explosive, déjà croisée elle aussi par le passé. En cela le film est assez classique. Même s'il fait un peu moins honneur aux gadgets que prévu, le scénario joue sur les clins d'œil auprès d'un public averti. Plus étonnant, Sam Mendes, qui avait en quelque sorte initié une plongée dans les profondeurs de l'âme torturée de 007 dans son précédent Skyfall, arrête là l'exploration. Certains en seront peut-être déçus. Et nous ne vous en dirons pas plus, mais la fin du film trahit cette fois tous les principes de Bond. Le film, malgré ces détails, est réussi. "Vous êtes un cerf-volant qui danse dans un ouragan Monsieur Bond", dit l'un des personnages au héros flegmatique dans Spectre. Mais Bond garde la fâcheuse habitude de survivre, en toute circonstance.