"Game over" : deux mots bien connus des joueurs de jeux vidéo. Dès les premiers jeux de plateforme, comme Super Mario Bros, mourir était une étape indispensable pour progresser. Par la suite, qu'il s'agisse d'abattre des quantités pharaoniques d'ennemis sans personnalité ou bien d'autres joueurs en ligne dans les "Battle Royale", la mort s'est imposée comme un élément incontournable du "gameplay". Trop souvent associée à la violence, elle est aussi parfois traitée avec beaucoup de douceur et d'humanité. À l'occasion de la Toussaint, Europe 1 vous recommande ainsi de jeter un œil à Spiritfarer, un jeu de gestion touchant où il faut accompagner des esprits vers l'au-delà.
Un jeu sur la mort tout sauf glauque
Disponible sur PC, PS4, Xbox One et Nintendo Switch, Spiritfarer est décrit par ses créateurs comme un "jeu de gestion cosy autour de la mort". Derrière cette formule toute faite se cache un jeu soigné à l'atmosphère très particulière et avec une histoire originale. On y incarne Stella, une jeune fille qui, pour des raisons inconnues, est choisie pour être la nouvelle passeuse d’âmes ("spiritfarer" en anglais) en lieu et place de Charon. Accompagnée de son chat Daffodil, qui ne la lâche jamais d’un coussinet, elle est chargée de trouver les esprits errants pour les guider jusque dans la quiétude de l’au-delà.
On a vu plus gai comme pitch… sauf que Spiritfarer est tout sauf glauque. Oui, ça parle de la mort, mais c’est un jeu doux et réconfortant. Et la direction artistique y est pour beaucoup : c’est coloré, les dessins sont proches du style manga, avec des personnages mignons (les esprits prennent la forme d'animaux anthropomorphes) et des décors qui rappellent souvent la campagne japonaise. C’est une aventure calme, avec un esprit très "cocooning". Bref, un jeu parfait pour l’automne, avec un plaid et une tasse de chocolat chaud.
Aux petits soins pour les dernières volontés
Le gameplay lui-même n'est pas triste, loin de là. Le monde des esprits est représenté comme un vaste océan, ponctué de petites îles bucoliques où des esprits égarés vont nous solliciter. Il s’agit alors de les embarquer sur notre bateau pour le dernier voyage. C’est là que le jeu de gestion s’installe puisque ce bateau est un lieu de vie pour les esprits. C’est en quelque sorte le "Costa Croisières de la mort". Sur le pont principal, il faut construire à chaque esprit sa petite cabine et s’occuper de lui pour qu’il soit le plus heureux possible avant de partir.
Les dernières volontés des esprits sont variées : cuisiner leur plat préféré, retrouver un objet qui leur tient à cœur, régler un dernier différend familial ou amoureux… Ces demandes prennent dans le jeu la forme de petites quêtes qui nous envoient vadrouiller d’île en île ou bien de mini-jeux assez simples. Certains nous demandent même simplement de… leur faire un câlin ! Et petit à petit, chacun des huit esprits à dorloter se dévoile, ils nous racontent des anecdotes sur leur vie passée. Les créateurs de Spiritfarer ont particulièrement soigné ces histoires, elles sont très authentiques, très touchantes, à la manière de Gris, autre jeu sublime autour de la mort.
De l'émotion et du challenge
Au-delà des belles histoires, il y aussi un peu de challenge. Comme c’est un jeu de gestion, il faut être attentif aux ressources : couper du bois pour construire les bâtiments, cultiver des champs pour alimenter la cuisine, récolter des fibres pour fabriquer du tissu, etc. Ce système, d'abord discret, prend de plus en plus de place au fur et à mesure de la progression. Et aux matériaux s'ajoute également la gestion de l'espace car la zone constructible du bateau est limitée. On peut l'agrandir moyennant finances mais il faut avoir l'œil vif pour empiler les cabines façon Tetris dans un minimum d'espace.
Tout cela demande de l’organisation et occupe finalement pas mal de temps. Pour un jeu indépendant de ce calibre, la durée de vie est étonnante : comptez bien une trentaine d’heures pour en voir le bout. Une aventure longue mais qui se savoure par petits bouts, pour se relaxer. À ce titre, la musique du jeu, composée par Max LL, tour à tour envoûtante, relaxante et espiègle est la cerise sur le gâteau.