Stéphane Brizé : "L'idée du monde que défend Macron est d'une brutalité sans nom"

Le réalisateur Stéphane Brizé s'intéresse aux mouvements sociaux dans son nouveau film "En guerre", avec Vincent Lindon.
Le réalisateur Stéphane Brizé s'intéresse aux mouvements sociaux dans son nouveau film "En guerre", avec Vincent Lindon. © EUROPE 1
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Dans "En guerre", en lice au Festival de Cannes, Stéphane Brizé met en scène l'histoire d'un syndicaliste refusant la fermeture de son usine. Un film social inspiré de l'actualité, explique-t-il jeudi dans Europe Soir.
INTERVIEW

"Je n'ai pas beaucoup d'imagination. Par contre, j'ai un bon sens de l'observation". Avec En guerre, en lice pour la Palme d'Or au Festival de Cannes, Stéphane Brizé est de retour avec un nouveau film social avec Vincent Lindon, trois ans après La loi du marché, qui avait valu à l'acteur français le prix d'interprétation en 2015. Le long-métrage raconte cette fois l'histoire d'une lutte, celle d'un porte-parole syndical, contre la fermeture de son usine, malgré un bénéfice record. "Ce film a aggloméré un certain nombre d'histoires dont on parle tous les jours dans les médias", explique le réalisateur dans Europe Soir.

Marqué par l'épisode de la "chemise arrachée". Parmi ces histoires, le fameux épisode de la "chemise arrachée" qui avait traumatisé Air France en 2015, l'a particulièrement marqué. "Des hommes politiques ont bombé le torse en stigmatisant cette violence. Mais c'est une façon facile et honteuse de gérer un problème", accuse Stéphane Brizé. "Quand il se passe quelque chose d'aussi grave, d'aussi important, quand on est un grand responsable, on s'en saisit, on se met autour de la table et on se demande comment on en est arrivé là". C'est précisément à cette question que le cinéaste tente de répondre pendant un peu plus d'1h50.

Entendu sur europe1 :
J'aimerais pouvoir en discuter en tête-à-tête avec Emmanuel Macron

La bande-annonce du film En guerre, en salles le 16 mai :

"On vit dans un monde qui marche sur la tête". S'il se défend d'être un "rebelle", Stéphane Brizé s'attache dans son œuvre à mettre en lumière les dysfonctionnements politiques du 21ème siècle. "Le titre En guerre n'est pas là juste pour raconter des salariés qui sont en guerre contre leur patron. Il veut aussi dire qu'il y a un système en guerre contre des salariés. Quand on dit aujourd'hui qu'on ferme des usines qui rapportent de l'argent, j'ai l'impression qu'on vit dans un monde qui marche sur la tête. Et c'est la réalité", observe-t-il.

Une souffrance "absolument insupportable". Stéphane Brizé le confie. Il "aimerait pouvoir en discuter en tête-à-tête avec Emmanuel Macron". "L'idée du monde qu'il défend est d'une violence et d'une brutalité sans nom à l'égard des individus", note-t-il. "Sans être Gandhi, sans être Jésus, je trouve cette souffrance absolument insupportable".