«Terrifier 3» interdit aux moins de 18 ans : comment et qui décide d'attribuer des limitations d'âge au cinéma ?

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Philippe Folgado // Crédit photo : AFP" data-image-id "60212268-5"
Comme à la télévision, les œuvres cinématographiques peuvent se voir attribuer des restrictions d'âge allant du tous publics à l'interdiction pour les moins de 18 ans. En France, pour la première fois depuis 2006 et "Saw III", le film "Terrifier 3" a été interdit aux mineurs.

Le film fait trembler les spectateurs français dans les salles obscures depuis ce mercredi. Terrifier 3, un film d'horreur gore et violent, est à l'affiche de 110 salles de cinéma en France. L'œuvre est interdite aux moins de 18 ans, une première pour un film projeté en France depuis Saw III, en 2006. Mais comment et surtout qui décide d'attribuer des limites d'âge au cinéma ? Europe 1 fait le point. 

Protéger la jeunesse de toute forme de violence

Pour qu'un film, français ou étranger, soit projetable sur nos grands écrans, il doit obtenir un visa d'exploitation délivré par le ministère de la Culture. Le film, ainsi que sa bande-annonce, sont alors présentés à un comité de visionnage composé de trois à six membres. Ce comité est chargé de visionner collectivement l'intégralité des films appelés à être diffusés en France et doit protéger la jeunesse de toute forme de violence, sans pour autant censurer les films et les auteurs. 

À la suite du visionnage, le comité rédige un rapport dans lequel il "caractérise l'œuvre cinématographique et souligne, le cas échéant, les séquences ou images susceptibles de donner lieu à des remarques particulières", précise le site internet du Centre national du cinéma et de l'image animée. Ce rapport propose aussi une première classification, en accord avec la réglementation établie. Il en existe cinq : "tous publics, interdit aux moins de 12 ans, 16 ans, 18 ans et 18 ans avec inscription de l'œuvre sur la liste des films incitant à la violence ou la pornographie". 

Si les membres du comité décident, de manière unanime, d'attribuer une autorisation "tous publics", le film peut être distribué en l'état dans les cinémas. Mais, si au moins deux membres du comité jugent que l'œuvre peut poser problème, cette dernière est "envoyée en commission plénière". 

 

Une décision sur le ressenti de chacun des membres de la commission 

Cette commission est composée d'un président et de 27 membres titulaires, dans lesquels peuvent se trouver des professionnels du cinéma, des associations et des psychologues. Ils se réunissent deux jours par semaine pour regarder les films en question, débattre d'une restriction et finalement la voter. Les débats et les votes restent secrets pour le public. La commission propose finalement une restriction d'âge au ministère de la Culture, qui généralement la valide. En France, contrairement à d'autres pays comme au Royaume-Uni, il n'existe pas de critères susceptibles de guider les membres de la commission dans leur choix d'une restriction. La décision se base donc sur le ressenti de chacun des membres de la commission. 

Un distributeur peut demander à la commission ou directement au ministère de la Culture un deuxième avis s'il le juge nécessaire. Les classifications peuvent donc avoir des conséquences sur la distribution du film, le nombre de salles qui le projetteront et sur le succès de l'œuvre car, dans le cas d'une interdiction aux moins de 18 ans, les salles doivent vérifier l'âge des spectateurs. Ces films peuvent néanmoins attirer la curiosité du public plus âgé. C'est ce qui semble se produire pour Terrifier III qui a déjà atteint les 80.000 spectateurs depuis sa sortie, selon le site Comscore.