C'est une pluie de 10/10, 20/20 et autres A++, qui tombe sur The Last of Us, Part II, suite d'un jeu vidéo post-apocalyptique sorti en 2013, à l'époque unanimement salué par la critique et les joueurs, et vendu à plus de 17 millions d'exemplaires dans le monde. Avant même sa sortie, le 19 juin, ce deuxième opus collectionne les éloges. Pour beaucoup de critiques, le studio Naughty Dog vient tout simplement de sortir le meilleur jeu de l'année 2020. Nous avons testé cette exclusivité PS4, une odyssée vengeresse aussi bouleversante que terrifiante mais qui pêche tout de même par excès de générosité.
Pandémie, survie et vengeance
L'histoire de The Last of Us commence en 2033. La civilisation moderne s'est effondrée depuis qu'une infection au cordyceps, un champignon parasite, a fait son apparition vingt ans plus tôt. Elle transforme les porteurs en mutants qui infectent à leur tour d'autres humains en les mordant. Les États-Unis sont en ruine et ici et là des petits groupes de survivants s'organisent. À Boston, Joel, un vieux rescapé taciturne, prend en charge Ellie, une ado immunisée, synonyme d'espoir pour l'humanité. Ensemble, ils vont traverser l'Amérique pour rejoindre les Lucioles, une milice qui refuse le contrôle du territoire par l'armée et promet le salut aux humains.
La seconde partie reprend quatre ans après la fin de la première. Joel et Ellie se sont installé dans un village de survivants, dans le Wyoming. Protégés des infectés et des bandits, ils y retrouvent un semblant de vie normale jusqu'à ce qu'un événement dramatique interrompe cette quiétude. Touchée personnellement, rongée par un désir de vengeance, Ellie repart sur la route, direction Seattle, avec de nouveaux compagnons. On ne dira rien de plus de l'histoire, si ce n'est qu'elle brouille habilement la frontière entre le bien et le mal et qu'elle est une nouvelle fois digne des meilleures séries, avec son lot de rebondissements et d'émotion. Ce n'est pas pour rien qu'une adaptation est en cours du côté de HBO.
Accessibilité, diversité : le sans-faute de Naughty Dog
C'est un point qu'il faut souligner : The Last of Us, Part II est un modèle sur deux points habituellement faibles des "gros" jeux vidéo. D'abord, l'accessibilité : Naughty Dog a prévu une soixantaine de réglages pour que tout le monde puisse profiter de l'expérience, du niveau de difficulté aux descriptions sonores (pour les malvoyants) et visuelles (pour les malentendants) et même des réglages pour les handicapés moteurs.
Par ailleurs, le jeu met en scène une galerie de personnages très variés, issus de différentes communautés, avec des croyances et des orientations sexuelles diverses. Cela peut paraître normal mais c'est rare. À commencer par Ellie, ouvertement lesbienne, et dont la vie sentimentale est abordée en longueur avec une subtilité que l'on aimerait voir plus souvent.
La femme est un loup pour l'homme
Sur un plan narratif, Naughty Dog, qui avait déjà bouleversé la façon d'écrire des jeux vidéo avec la saga Uncharted, réalise ici une nouvelle démonstration. Plus encore que le premier opus, cette deuxième partie entremêle avec brio l'intensité de l'action et l'émotion du scénario. The Last of Us, Part II est un habile montage de montées d'adrénaline soudaines, de séquences à vous glacer le sang, de phases d'exploration plus tranquilles et de cinématiques scriptées qui permettent de souffler. Ainsi, le jeu n'hésite pas à couper la progression du récit avec des flashbacks apportant de l'épaisseur à des personnages qui resteront parmi les plus intéressants de l'histoire du jeu vidéo.
Toutefois, disons-le clairement, The Last of Us, Part II est très violent. Le scénario, vraiment sombre, pousse Ellie, passée d'enfant à adulte d'un jeu à l'autre, à déchaîner sa sauvagerie de survivante. L'hémoglobine coule à flot et il faut avoir le cœur bien accroché. Véritable prédatrice, l'héroïne ne fait pas dans la dentelle. Sur sa route, elle croise de nouveaux des infectés, toujours aussi terrifiants. Aveugles mais très sensibles au son, ils font de redoutables ennemis. Le moindre pas sur des bris de verre peut rameuter vers vous un paquet de "coureurs", "claqueurs" et autres "colosses" qui ne vous laisseront aucune chance. L'infiltration est donc toujours le maître mot pour espérer progresser.
Et c'est encore plus vrai quand Ellie doit affronter le plus dangereux des monstres : l'homme. Profitant du chaos post-apocalyptique, plusieurs factions ont avancé leurs pions. La jeune femme est en croisade contre les Wolf, une milice révolutionnaire qui s'oppose au contrôle militaire. Armés jusqu'au dent, plus malins que les infectés, ses membres patrouillent partout et sont bien plus retors à éliminer. En fonction du nombre d'ennemis, il faut donc bien réfléchir avant d'avancer, au risque de provoquer un affrontement frontal souvent fatal. Forcer le joueur à réfléchir et à établir des stratégies, c'est l'un des points les plus aboutis de The Last of Us, Part II.
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Une aventure inutilement allongée
Mais The Last Of Us, Part II est aussi victime de sa trop grande générosité. À vouloir toujours en rajouter, le jeu traîne inutilement en longueur. Là où son aîné se terminait en un peu plus de 15 heures, il en faut le double pour la suite. Et le scénario, aussi soigné soit-il, se retrouve distendu par des séquences où la progression est bien trop lente. Les phases de transition notamment, où Ellie doit se rendre d'un point à un autre, peuvent paraître interminables tant elles enchaînent les rencontres répétitives avec des infectés ou des factions ennemies.
Une mécanique alimentée par le système de jeu, très axé sur la survie. Dans ce monde en ruines, vous devez tout fabriquer vous-même : kits de soin, silencieux pour les armes, bombes artisanales… Sauf que les ressources et les munitions sont limitées. Si vous ne faites pas attention, vous risquez de vous retrouver à court de balles en pleine fusillade. Pour ne pas en arriver là, il faut fouiller la moindre pièce, le moindre tiroir, le moindre magasin. Cette quête obsessionnelle se révèle harassante à la longue. Après une dizaine d'heures, nous avons eu tendance à zapper de plus en plus cette étape, ce qui n'empêche pas de progresser mais complique sensiblement la donne.
L'avantage de cette exploration minutieuse est qu'elle donne à voir toute la majesté graphique de The Last of Us, Part II. Le premier opus, sorti lors de la dernière année de la PS3, avait repoussé les limites de cette console. Le second en fait de même avec la PS4. La ville de Seattle en ruines, grignotée par la nature, n'a rien à envier aux décors du film Je suis une légende. Des égouts poisseux aux bâtiments abandonnés en passant par les rues emplies de souvenir du monde d'avant, tout est extrêmement soigné. D'une richesse incroyable, The Last of Us, Part II est sans hésitation l'un, si ce n'est le plus beau jeu de cette génération de machines.